Nous y sommes, après deux années de retard, les mesures relatives au titre VII du contrat programme vision 2020 sont enfin mises en œuvre avec le lancement de la caravane Moussanada Syaha et Renov hotel 3 par le Ministre du Tourisme lundi dernier à Marrakech.
Pour rappel, il s’agit de mettre en place un programme national pour l’innovation et la compétitivité touristique afin de faire émerger des acteurs de référence en particulier des acteurs intégrés dans la distribution du voyage ?
C’est là que je me pose la question suivante: qu’ai je fait depuis plus de 30 ans ? Me suis je évertué à créer un produit en tout point conforme à l’attente de mes clients en terme de qualité, d’authenticité, de dépaysement et de durabilité ou simplement commercialisé des nuits hôtelières ?
Je m’insurge à chaque fois que l’on veut m’assimiler à un distributeur alors que dans mon fort intérieur j’ai toujours pensé que j’étais un concepteur, un créateur, un artisan du voyage tentant toujours de faire vivre une expérience nouvelle et si possible unique qui fera rêver mes clients et établir avec eux une relation durable.
Quelque soit la prestation , séjour, circuit, événement, séminaire, incentive, congrès, l’équipe se réunit à chaque fois pour évaluer la faisabilité du projet , choisir les lieux, les partenaires hôteliers, transporteurs, guides, restaurateurs et autres en fonction de leur spécialité avant d’établir la cotation et la proposer au client en argumentant chaque détail pour le convaincre du résultat escompté.
Au moment de la réalisation, tel un chef d’orchestre qui fait jouer à ses musiciens une partition qu’il a pris le soin de répéter, l’agent de voyage supervise en faisant attention à tout, de l’accueil à l’aéroport au transfert des personnes et des bagages, en passant par la remise des clefs des chambres qu’il a pris soin de vérifier, sans oublier les menus prévus aux différents repas. Tout doit être conforme aux contrats établis avec les prestataires et les clients.
Notre soucis premier est le produit, et force est de constater ce jour que la qualité fait défaut : l’environnement et la formation sont en dessous de nos attentes car il ne suffit pas de faire de beaux hôtels ou d’arborer des étoiles pour se dire que nous avons un produit.
Dés qu’un client met les pieds en dehors de l’hotel, il se trouve confronté à toutes sortes de contraintes aux quelles il n’est pas habitué: harcèlement, véhicules délabrés, non respect de la tarification, faux guides, trottoirs squattés par des vendeurs informels , espace public occupé par toutes sortes de terrasse empêchant les poussettes et les fauteuils roulants de circuler. Pas de signalétique, les noms des rues ont disparus, les poubelles débordent dans les quartiers résidentiels, une voirie qui fait défaut et ceci est hélas le quotidien de nos villes touristiques surtout au niveau des centres.
Ce produit se détériore de jour en jour notamment en ce qui concerne la qualité de service au sein des établissements, dans le transport, les taxis, les guides, les monuments historiques, tant et si bien que nous passons plus de temps à camoufler qu’à innover.
Dans une ville comme Marrakech, bateau amiral de notre tourisme, il suffit de faire un tour pour se rendre compte du déficit de propreté, du manque de toilettes publiques, de l’agressivité de certains «artistes» sans compter les produits contrefaits que l’on essaye d’écouler au détriment d’un artisanat de qualité et l’incivisme flagrant qui est aussi hélas une exception marocaine . Le tableau est sombre malheureusement et avec toute notre bonne volonté, nous avons l’impression de brasser du vent.
Certes, nous devons investir dans les nouvelles technologies, assurer une distribution 2.0, mettre en place des standards de qualité, aspirer à labéliser nos entreprises mais si le produit ne suit pas, nous passerons alors à coté de l’essentiel.
La compétitivité passe par la qualité du produit à promouvoir, un environnement respectant la durabilité, une fiscalité harmonisée qui encourage les professionnels , des lois qui protègent et qui seront respectées par tous.
La réforme réglementaire doit tenir compte de la fragilité de notre secteur et s’assurer de la restructuration des associations professionnelles qui sont loin de répondre aux attentes de leurs membres. La loi actuelle nous oblige à adhérer à nos associations régionales, impose une association par région mais ne fait rien pour contrôler les dysfonctionnements, le laxisme, la gestion et la main mise de certains qui se sont accaparés l’outil à des fins personnelles alors qu’ils sont sensés jouer le rôle de relais de l’état dans l’encadrement de l’activité touristique.
Cet état de fait a jeté le discrédit sur toute une profession qui fut naguère le fer de lance de l’activité touristique nationale et qui est aujourd’hui reléguée et marginalisée faute de véritable représentativité.