Once I Was An Eagle est écrit et chanté comme une histoire, les titres s’enchaînent sans pause, tels les chapitres d’un livre que l’on ne saurait reposer avant d’en avoir lu la dernière ligne. Ils semblent même parfois accompagnés d’une bande son supplémentaire, là un craquement qui rappelle celui d’une coque de bateau, ici une roue de vélo, l’écoute au casque rend la chose vraiment épique. Laura y parle d’elle, de son histoire intime, les textes sont touchants, personnels, denses. 16 morceaux à écouter jusqu’au dernier, « Saved These Words » dont l’intro deviendra probablement une sublime berceuse pour mon fils.
Qui dit folk dit forcément mélancolie sur certains titres, comme « Breathe » où le texte est en total opposition avec le rythme quasi celtique qu’elle impose aux percussions et aux cordes. C’est d’ailleurs le contraste qui fait la richesse de cet album, Laura y est parfois timide, country /bluesy et posée pour preuve ce « Once», et parfois elle se révèle une véritable passionaria comme sur « Master hunter », très revenchard et punchy. Là où sa guitare était donc d’inspiration celtique le titre précédent, d’un seul coup on se retrouve dans le patio d’un alhambra mauresque en Espagne comme pour « Little Love Caster ». Puis « Devil’s Resting Place » nous emmène au milieu de ménestrels moyen-âgeux qui danseraient sur les rythmes tribaux des Californiens de Local Natives ! « Undine » nous rappelle les mélodies plus « classiques » d’un Nick Drake, « Where Can I Go ? » plonge vers l’énergie de Simon & Garfunkel, la guitare de « Love Be Brave » aurait pu être volée à son mentor Neil Young. Toutes ces références peuvent sembler très passéistes, déjà vues, mais non, cette très jeune femme (23 ans !) à l’âme si vieille est résolument ici, avec nous, pour notre plus grand bonheur…