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Marvel deluxe : new avengers tome 6 (a la recherche du sorcier supreme)
Publié le 02 juin 2013 par Universcomics @Josemaniette
Brian Bendis est un scénariste de talent. Ce que j'aime bien chez lui, c'est surtout sa capacité à composer des dialogues naturels et pétillants. Une succession de petites phrases, de bons mots, de répétitions, qui donnent un ton très télévisuel (l'influence des séries et du stand-up) à l'atmosphère de ses séries. Mais Bendis est aussi un auteur plein de bonnes idées (Les Vengeurs se séparent puis renaissent sous la forme des New Avengers, avec l'évasion massive du Raft et le mystère Sentry pour commencer le nouveau cycle) qui a tendance, passé l'effet de surprise, à se complaire dans une dilatation extrême des trames narratives. C'est le phénomène dit de la décompression : en six épisodes on raconte des faits qui pouvaient être narrés facilement en une quarantaine de pages, c'est à dire trois fois moins. Les Marvel Deluxe consacrés aux Avengers de Bendis en sont justement arrivés à ce point, où la série commence à devenir sérieusement redondante, où l'action devient le prétexte à des scénettes presque caricaturales (Bendis fait du Bendis à l'extrême), jusqu'à ce qu'on réalise qu'il ne se passe plus grand chose d'excitant dans le titre concerné. Un gimmick fort utile : vous prenez des héros ou des vilains, tous ensemble, vous les enfermez dans un lieu clos, comme au théâtre, et vous secouez l'ensemble, jusqu'à ce qu'en naisse une litanie infinie de répliques, parfois drôles et savoureuses, d'autre fois plus plates ou convenues. Un affrontement dialectique, verbal, qui peut donner le tournis et lasser, ou également ravir celui qui préfère les mots aux gros bras et à l'action pure et dure. Ici c'est encore le cas avec les Vengeurs Noirs de Norman Osborn et les criminels à la solde de The Hood. Sympathique, mais loin des sommets d'autrefois, quand c'était le Kingpin du crime qui organisait et réglementait toute l'activité illicite à New-York et sur la côte est. Je préfère le ventre mou du volume, lorsque le Sorcier Suprême, Stephen Strange doit trouver son successeur et dire au revoir à l'oeil d'Agamotto. On trouve un beau panaché de ce que l'univers Marvel compte de magiciens ou d'être liés au surnaturel, de Wiccan des Young Avengers, en passant par Hellstrom, fils du Diable, sans oublier le nouveau Sorcerer Supreme, dont je vous laisse la surprise si vous n'avez pas lu ces histoires dans les mensuels de Panini (un indice : c'est un héros de seconde zone et il aime le Bayou).
Au dessin, Billy Tan est un choix fort convenable, même si on peut regretter une certaine staticité dans les figures, et une tendance aux cases répétitives qui collent assez bien avec les techniques narratives de Bendis, mais sont frustrantes pour le lecteur qui en veut plus. C'est aussi un avis positif mitigé qui caractérise Stuart Immonen, qui prend la rélève pour les derniers épisodes, où les New Avengers prennent une rouste monumentale face aux vilains de services, puisque privés de leurs pouvoirs. Luke Cage notamment, passe tout près de la correctionnelle. Là on sent que Stuart se contente du service minimum, et qu'il n'a guère le temps ou l'envie de fignoler ses planches, qui passent très bien à première vue mais ne résistent pas à l'examen attentif du lecteur esthète exigeant. N'est pas Arthur Adams ou George Perez qui veut. Un tome 6 que ne manqueront pas d'acheter les amateurs de la série qui ont déjà les autres dans leur collection (à ce propos une réimpression des premiers introuvables est prévue pour la fin juin). Il est clair que débuter le run de Bendis par ce volume n'est pas une bonne idée, de peur d'être un peu déçu par un contenu qui manque d'ambition et de souffle. Sympathique sans être bouleversant.