Magazine

Journal de Vienne - Episode 5

Publié le 12 janvier 2008 par Filipe93
Journal de Vienne
Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4
Episode 5
Episode 6
25/12/07, 20h, à l’hôtel. Comme beaucoup de villes, Vienne ne se laisse connaitre que lorsque l’on décide de laisser tomber les guides et les plans, et que l’on flâne sans but pour essayer d’en prendre le pouls. On remarque alors des détails qui étaient là depuis le départ, mais que nous étions trop émerveillés pour remarquer.
Par exemple, à quel point la discipline et le sentiment de sécurité imprègne les autrichiens.
Pas de portique de sécurité dans le métro : on considère que tu as validé ton ticket de toute manière.
Quasiment pas de barrières entre les œuvres d’art et les visiteurs, dans le musées : qui voudrait les toucher de toute façon ?
Pas de rideaux de fer aux boutiques, pas de garde de sécurité dans les métros, pas de sentiment d’insécurité lorsqu’un "jeune" entre dans le tram en faisant tinter ses piercings pointus (à une exception près : la station de métro Karlzplatz, sous l’opéra, qui à partir de 18 heures devient un Vienne interlope où vous ne voudrez pas trainer seul, croyez-moi…)
Par exemple, à quel point le moindre euro sortant d’un porte-monnaie de touriste est traqué.
L’internet est offert dans les hôtels et les Starbucks (pour 4 euros de l’heure).
Les serveurs font passer avec un joli sourire les deux jus d’oranges fantômes qui sont mystérieusement apparus sur la note, ou susurrent d’une petite voix qu’il ne faut pas hésiter à rajouter un pourboire si l’on est content de l’excellent service (évidement, le service est toujours excellent, quel que soit le restaurant ou le café).
Les deux petites miches de pain, piquées sur la table d’à-côté qu’un client vient de quitter, mais qui apparaissent sur notre addition.
Les conducteurs de bus qui nous vendent d’office le billet "toutes zones" (au double du tarif normal).
Les automates à acheter les billets de bus, qui ne rendent jamais la monnaie.
Bien sûr, le rôle du touriste en vacances est de payer et de sourire. Alors nous payons et nous sourions, en nous demandant quelles sont les petites chausse-trappes que les français réservent aux touristes autrichiens. (Oh mes Dieux ! Je deviens aussi irascible qu’un français en vacance à l’étranger !)
Le café Schwarzenberg, au 17 Kärntnerring, est l’un des plus vieux du centre ancien. On y déguste de délicieux gâteaux à la noisette, au chocolat ou à la vanille, accompagné d’un café viennois couronné de chantilly. L’ambiance y est incroyablement décontractée et les décors joliment art nouveau. On aimerait y passer des heures rien qu’à s’abîmer dans les volutes crémeuses de son latte.
Pourtant, ce sont d’autres hauteurs qui nous ont hypnotisés pendant quelques heures : celles de la cathédrale Stephansdom. Le seul mot qui vient aux lèvres est "folie". Suivi, si comme moi l’on cultive savamment le goût secret du blasphème, par un chapelet de jurons admiratifs.
De l’intérieur, les espaces infinis semblent s’élever sans pour autant plonger les visiteurs (on les compte par centaines) dans l’obscurité caractéristique du gothique. La moindre chaire, le moindre ornement de porte, le moindre ex-voto est décoré avec un foisonnement quasi baroque.
Les saints, les dignitaires ecclésiastiques et les martyrs semblent sortir du cadre de leurs tableaux de bois ou de pierre, et les décorations d’or sont à la mesure de ce que j’allais découvrir plus tard au Hoffburg : rutilants mais sobres, pleins de faste mais également de recueillement.
L’extérieur frôle l’absolue démence : des clochés qui s’élèvent si haut qu’on ne peut les contempler sans se tordre le cou, des gargouilles par centaines, des ornements labyrinthiques, des médaillons représentant le zodiaque ou des symboles sexuels.
On pâlit devant la beauté des frontispices, et il faut carrément s’asseoir pour ne pas défaillir lorsqu’au détour de la nef, on découvre une fresque médiévale absolument sublime (d’ailleurs une vieille dame s’est effectivement évanouie devant, que nous avons dû aider à se reprendre ses esprits. Mais je crois que le froid est plus à blâmer que la beauté de l’église).
Seul le Hoffburg, les appartements impériaux d’hiver, pouvaient rivaliser avec ce chef-d’œuvre. Tout y est dédié à l’impératrice, dans ses habits d’apparat et dans les affres de sa dépression. Derrière le luxe, l’or, l’argent et le vermeil, le musée réussit à mettre en scène de façon émouvante le quotidien étouffant d’une noble petite campagnarde devenue impératrice presque malgré elle, renfermée dans un univers intérieur dont personne n’avait la clef.
(Prochaine épisode : Dernier jour à Vienne et le mystère de la Griechenstrasse !)
L'humeur du moment

A glass of water
Suspension
Fluidité
Lenteurs

Journal de Vienne - Episode 5Journal de Vienne - Episode 5

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Filipe93 74 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte