The Wire est une série policière dont l'intrigue se déroule dans les rues de Baltimore. Mais ce n'est pas une série policière comme on a l'habitude d'en voir à la TV, ici ca tiens presque plus du documentaire que de la série tellement tout est ultra réalite. Caméra à l’épaule, plans ultra serrés, son d’ambiance permanent, dialogues découpés au scalpel et surtout : réalisme, hyper réalisme.
Pour expliquer le niveau de réalisme absolument hallucinant de cette série, il faut savoir que David Simon et Edward Burns, les créateurs de la série, sont nés à Baltimore et y résident. Ils occupaient respectivement les fonctions de chroniqueur pour la section criminelle du Sun et inspecteur de police. La plupart des personnages et histoires sont inspirés de personnes et faits réels. De plus, la série est tournée entièrement à Baltimore et tous les scénaristes sont des journalistes ou romanciers spécialistes des histoires sur fond de paysages urbains. Rafael Alvarez par exemple, auteur du livre "The Wire : Truth Be Told", né à Baltimore, est un ancien journaliste du Sun et travaille occasionnellement comme ouvrier sur le port de Baltimore.
The Wire, c'est aussi une masse de personnages mais il n'y a pas vraiment de personnage principal (même si certains comme l'inspecteur Jimmy Mac Nulty ou Avon Barksdale sont des figures incontournables). Aucun personnage n'est laissé en arrière-plan. Comme dans la vie, chacun joue son rôle et amène sa part de complexité dans l'intrigue principale. Il n'y a pas vraiment de héros. Oubliez le concept des gentils policiers qui traquent sans relâche les hors la loi sans relache. Ici, et comme dans The Shield, chez les policiers comme chez les gangsters, on trouve des qualités et des défauts. Ce qui est assez rare aussi pour un show policier c'est que le quotidien des trafiquants et vendeurs de drogue est développé au moins autant que la vie de commissariat des policiers.
Ce nombre important de personnages permet ainsi de développer énormément de sous intrigues. Ces sous intrigues et bien souvent les différents personnages finissent par s'inter-connecter à un moment ou un autre de la série. Bref, c'est la complexité de ce mélange d'intrigues secondaires qui forme un tout au fil de chaque saison qui fait la force de la série. Parfois même, une phrase, un fait, anodin sur le moment peut prendre toute son importance dans la saison suivante donc The Wire est vraiment une série qu'il faut suivre attentivement. Chaque épisode se déguste.
Dans chaque saison, D. Simon tente de délivrer un message politique différent bien précis. Par exemple dans la première saison, l'impuissance du système de fonctionnement répressif de la police dans sa lutte contre la drogue. Dans la deuxième saison un constat de désolation est fait à propos des ouvriers du port de Baltimore, de leur lutte pour survivre les contraignant à sombrer dans l'illégalité et de la mort annoncée de leur activité dans un futur proche. Dans le même temps, l'intrigue de la première saison se poursuit (avec là encore des inter connexions multiples avec l'intrigue principale) pour mieux préparer la troisième saison. Celle-ci developpe les dérives politiques et comment les ambitions personnelles de chacun viennent saper le travail des policiers de terrain. La quatrième saison décortique le système éducatif américain... c'est donc assez varié.
The Wire mériterait un roman pour être décrite de manière juste mais je vais juste terminer en disant simplement que cette série est la meilleure série policière de tous les temps, si si.