André Maurois vécut en France à une époque où les écrivains étaient considérés. A sa mort, en 1967, la télévision interrompit ses programmes et Paris Match consacra 16 pages à l'évènement. Trente ans plus tard, la disparition de Julien Green fut annoncée après les résultats des courses et Match ne montra qu'une photo, en couleurs il est vrai. Une civilisation a passé.
Dans le numéro de Paris Match en date du 21 octobre 1967, on est un peu jaloux d'apprendre , photos à l'appui, que " les femmes aimaient se confier à ce maître du bonheur " qu'était André Maurois . Et pas n'importe quel boudin. Une chanteuse yé-yé avec des couettes, une blonde de Hollywood devenue princesse, une star italienne mamelue, une actrice d'avant-garde et une sociétaire de la Comédie- Française. Toutes l'écoutaient avidemment. Mazette, quel succès !
Ouais. C'est bien fini, tout ça. Aujourd'hui, princesses, actrices et chanteuses se moquent des écrivains. Elles ne croient plus qu'aux présentateurs de la télévision. Une civilisation a coulé. C'était la
nôtre.
On s'en fout.
Stéphane Hoffman, dans sa contribution sur André Maurois, à l'ouvrage " une bibliothèque d'écrivains" aux
Editions du Rocher.