Tiens ? Un film anti-crise ? C'est en tout cas comme cela que Pedro Almodovar nous annonce son retour sur les écrans. La première image des Amants Passagers annonce que ce film est une fiction, une simple fantaisie... les premières scènes ne feront pas mentir l'avertissement d'ouverture : Les Amants Passagers passe d'un sujet à l'autre comme les membres d'équipages de bras à d'autres... A bord de l'Almodovar, c'est cul à volonté, cage aux folles à gogo et perte de contrôle systématique... "A bord... Tout !" : y'a t'il un pilote dans l'avion ?
Aussi délicieusement ensoleillé que coloré, le Almodovar 2013 est effectivement la fantaisie annoncée. Succession de scènes faussement désordonnées, non sans rappeler une patte à la Woody Allen, Almodovar donne aux Amants Passagers des airs de papillon qui butinent ! D'un passager à l'autre, il promène sa caméra pour voler quelques instants de pétages de plombs ou de la vie privée de ses passagers... Pour assurer cependant un peu de cohérence dans l'alternance de ses coups de projecteurs, Almodovar met en scène une hallucinante collection de 3 folles parfaitement à la hauteur ses ambitions de couleurs !
Les Amants Passagers propose ainsi ses petites tranches de vie, en prenant soin de coucher entre chacune d'elles des tranches de sexe ! Car il en est question presque en permanence dans cet avion ! Lorsque ce n'est pas nos stewards expérimentés qui parlent de bites (non, non, pas les bateaux...) ou de substances liquides (non, non, pas la mer où voguent les bateaux...), c'est au tour des passagers de s'adonner aux joies de la pratique induite pas le sujet en question ! Joyeux, polisson, lâché et parfaitement décontracté, Almodovar équilibre la menace de mort qui plane sur son avion (planer... avion... bravo la rédaction !) par une contre pulsion de vie, une irrépressible montée de sève... Devant tant de liberté, tant d'énergie et de bonne-humeur, le spectateur que deux choix : lâcher prise ou déserter sa place !
A la rédaction, personne n'a quitté son siège... Nous avons tous cédé au charme de cet Almodovar joyeux et délicieusement acidulé, à sa gravelosité affichée et ses traits d'humour délicieux... Dans ce vol concocté avec soin par un Almodovar déchaîné, tout est fait pour le simple plaisir de passer un agréable moment en sa compagnie... Et si, par ci, par là, on ne manquera pas de retrouver les noires inspirations qui ont conduit à un tel besoin de libérer la pression (contexte de crise oblige ! Certains "coupables" seront même dans l'avion...), cette petite fantaisie d'Almodovar fait un bien fou au moral ! Léger, drôle et assumé, il est certain que les souvenirs des Amants Passagers s'envoleront à une vitesse supersonique, mais, promis, l'équipe de stewards du tonnerre réunie par l'ami Pédro vous fera passer un vol des plus agréable (même si l'altitude est bien inférieure à l'Almodovar d'antant !) Les Amants passagers est un plaisir coupable dont la simplicité fait mouche et l'humour fait un bien fou à notre esprit tout tendu !
Procurez-vous Les Amants Passagers ou d'autres films de Pédro Almodovar ou avec Javier Camara, Carlos Areces ou Cecilia Roth