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Critique Ciné : Ma vie avec Liberace, tendre tragédie

Publié le 31 mai 2013 par Delromainzika @cabreakingnews

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Ma vie avec Liberace // De Steven Soderbergh. Avec Michael Douglas, Matt Damon et Avant Elvis.


Jugé trop gay par les diffuseurs américains, Ma vie avec Liberace n'aura pas eu la chance d'avoir eu une sortie en salles. Dommage. En compétition officielle au dernier Festival de Cannes, Ma vie avec Liberace faisait partie des films attendus. Steven Soderbergh, un vrai caméléon du cinéma américain change encore une fois de route après ses films hypocondriaques ou encore son film sur la vie de strip-teaseur de Channing Tatum. Bien que l'on retrouve l'ambiance des films de Soderbergh encore une fois, ce que j'ai trouvé de fascinant c'est finalement comment une histoire d'amour peu commune va s'achever en vrai tragédie. Plus l'on pénètre (sans mauvais jeu de mots) dans le film, plus l'on sent le désespoir investir les murs. Adapté du livre de Alex Thorleifson par Richard LaGravenese (Sublimes Créatures, Sur la route de Madison), on était en droit d'attendre quelque chose de dramatique et de tendre à la fois. Et c'est ce qu'ils vont réussir à faire. Le réalisateur met en avant le talent de Matt Damon là où on ne l'attendait pas, et surtout celui de Michael Douglas où il n'avait pas autant brillé depuis longtemps.
Avant Elvis, Elton John et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et cultivait l'excès, sur scène et hors scène. Un jour de l'été 1977, le bel et jeune Scott Thorson pénétra dans sa loge et, malgré la différence d'âge et de milieu social, les deux hommes entamèrent une liaison secrète qui allait durer cinq ans. 'Ma Vie avec Liberace' narre les coulisses de cette relation orageuse, de leur rencontre au Las Vegas Hilton à leur douloureuse rupture publique.
Le scénario de Ma vie avec Liberace est très bien ficelé. Il parvient à installer au fil de film quelque chose de terrible. Cela commence par une rencontre, qui évolue rapidement en histoire d'amour complexe (Scott se veut bisexuel, il expérimente et tente de comprendre pourquoi il est fasciné par Liberace). Et puis tout d'un coup, le film tombe alors dans quelque chose de particulièrement tragique. Le monde de Scott va petit à petit plonger dans le désespoir. Devenant de plus en plus jaloux, possessif, il va s'éloigner de Liberace et finir par découvrir que finalement, il n'était pas l'homme d'un homme, mais un homme parmi d'autres. Ma vie avec Liberace tente également de faire état de l'homosexualité à cette époque, et surtout la manière dont cela était perçu. Soderbergh ne s'éloigne donc pas du sujet de société alors que nous sommes en plein débats au sujet du mariage pour tous aux quatre coins du monde (et notamment dans certains Etats aux Etats-Unis qui n'ont pas encore autorisé le mariage aux personnes de même sexe).
Si la fluidité du récit aide énormément le téléspectateur à apprécier tout ce que l'on peut lui proposer, c'est ce pamphlet de la société de l'époque face aux homosexuels qui est surement le plus intéressant (la perception de l'homosexualité, le monde gay de l'époque, le SIDA, …). Je n'oublie pas pour autant Steven Soderbergh qui gère son film de façon très légère, sans trop en faire et parvient à installer une ambiance à chaque pans de l'histoire. Et puis nous avons Michael Douglas que le cancer aurait pu emporté et qui n'avait pas été autant en forme depuis un bon bout de temps. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé sa prestation. Matt Damon était également surprenant dans Ma vie avec Liberace. Alors que l'acteur a tendance à devenir assez morne dans certains films, ici il montre une part de lui que l'on n'a pas souvent l'occasion de voir. Le spectateur est alors happé par ce personnage pour qui on a finalement de la compassion. Ma vie avec Liberace retrace une belle histoire, complexe et façonnée de manière très fluide et ce malgré quelques ratés au niveau du rythme.
Note : 7.5/10. En bref, une très jolie histoire. Malgré quelques défauts, le tout vaut le détour. Aussi bien pour l'état des lieux qui est fait de la société américaine de l'époque que pour la prestation de ses acteurs, que l'on découvre sous un angle différent.


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