Magazine Amérique du nord
Q. Rafael, pourriez-vous nous parler des conséquences quand il fait froid, que le terrain est lourd ? Et puis le programme d'hier et les décisions qui ont été prises vous ont posé problème ?
R. Bien évidemment, j'aurais préféré des conditions différentes pour jouer au tennis, mais on a ces conditions et voilà ! Il faut que je m'adapte, que je joue aussi bien que je le peux dans ces circonstances. J'ai fait ce que j'ai pu, je n'ai peut-être pas joué mon meilleur match, mais lorsqu'on joue un de ses meilleurs matchs et qu'on perd le premier set, cela arrive. Voilà. Il fallait gérer cela, revenir dans le match et gagner le match, se battre.
Il faut avoir l'humilité d'accepter que l'on ne joue pas, que l'on ne frappe pas la balle aussi bien qu'on le souhaiterait. Il faut se concentrer à chaque instant. C'est la raison qui m'a d'ailleurs permis de revenir dans le match et de gagner, malgré le fait que mon adversaire n'était pas facile, car c'est un bon joueur.
Et vous, que pensez-vous du programme d'hier ? Vous avez votre opinion ?
Q. Je ne sais pas, c'est parce qu’avec la pluie, c'était compliqué ? Je voulais savoir ce que vous en pensiez.
R. Tout un chacun sait dans cette salle que le programme d'hier n'était pas le bon. Voilà, c'est cela la réalité. Le directeur du tournoi, les responsables qui prennent les décisions ont pris de mauvaises décisions il y a 2 jours, de toute évidence. Lorsqu'on fait le programme à 19 heures et pas à 11 heures du matin, on sait un peu mieux quelles seront les prévisions météo pour le lendemain, car elles sont plus précises.
Moi, je ne peux pas jouer le troisième match après des joueurs et des joueuses, ça n'est pas juste. Aujourd'hui, j'ai passé presque 3 heures sur le court et mon prochain adversaire regardait la télévision dans les vestiaires. Et vous me demandez si c'est juste ?! Non, ça n'est pas juste ! Mais voilà, il faut que je sois positif, que je sois prêt pour mon match de demain. Mais évidemment, ça n'est pas comme cela que cela devrait être de toute évidence, et j'espère qu'ils reconnaîtront leur erreur.
Les joueuses jouent au meilleur des 3 sets ; pour elles, c'est un tournoi tout à fait normal, elles jouent tous leurs matchs, tous les tournois y compris les Grands Chelems au meilleur des 3 sets. Si elles doivent jouer 2 jours d'affilée, peu importe, ça n'est pas très grave, alors que pour les hommes, c'est très différent.
Alors, l'excuse a été qu'il fallait qu'on fasse aussi jouer les matches de double. Je suis désolé, mais c'est une plaisanterie ou quoi ?! Il y a une semaine encore pour jouer les doubles ! On va protéger les joueurs de double ?! Alors, il faut que je m'engage pour les doubles, pour pouvoir jouer en priorité ?! Non, ça n'est pas une excuse valable pour pondre un tel programme.
Bon, je ne vais pas continuer à en parler, car je vais faire office de méchant qui dit les choses, mais je pense que ça n'est pas juste.
Q. Une autre question concernant le programme, mais on va dire les choses un peu différemment. Il y a quelque temps, les joueurs ont dit qu'il y avait trop de tournois et que la saison de repos n'était pas suffisamment longue, qu'il y avait trop de matches et pas assez de repos et que les saisons avaient été raccourcies. Maintenant, on envisage une nouvelle ligue de tennis en Asie, ce qui veut dire plus de matches, plus de voyages à nouveau. Que pensez-vous de cette nouvelle ligue ?
R. Moi, je ne suis pas opposé à un programme plus long. Je n'ai jamais été opposé à cela. À mon avis, si on a des tournois toutes les semaines, toute l'année du 1er janvier au 31 décembre, cela me va très bien, cela ne me pose aucun problème. C'est mon opinion personnelle, car dans ce cas, on va créer des emplois, de plus en plus de gens pourront vivre du tennis, de plus en plus de joueurs pourront gagner de l'argent pour payer leurs entraîneurs, pour voyager dans de meilleures conditions.
A mon avis, le problème n'est pas la longueur du calendrier. Le problème, ce sont les tournois obligatoires, la façon dont le classement est organisé, avec le fait que, si on veut être dans le classement top, on ne peut pas rater certains tournois. Ensuite, il faut tout prendre en considération et essayer de prendre une bonne décision.
De toute façon, c'est toujours pareil, c'est comme le problème du programme d'hier, il y a des gens qui sont là depuis longtemps, qui sont contents, ça leur va bien comme c'est, ils sont finalement dans une situation assez confortable qui leur convient, ils ne veulent pas prendre de risques et surtout ne rien changer. Or, certaines choses seraient plus positives pour le tournoi, pour les joueurs et pour le spectacle.
Je ne vais pas me répéter indéfiniment, mais je ne vois pas où est le souci, par exemple, d'avoir un classement sur 2 ans. Ainsi, le circuit serait différent de ce que l'on voit aujourd'hui. Aujourd'hui, on dit que les joueurs sont protégés, je ne parle pas des joueurs au Top, je parle de tous les joueurs. Si on est dans les Top 100, c'est parce qu'on mérite de l'être, car on a bien joué pendant une semaine, mais au final, si on se blesse, comme par exemple Del Potro qui a été blessé pendant 9 mois, lorsqu’il revient, il est 900e dans le classement ! or, ce n'est pas vrai, il n'est pas à ce niveau !
Et on nous dit à "oui, le classement vous protège » etc. mais ça n'est pas vrai ! On n'a pas d'avantages. Il faut qu'ils arrivent à trouver une formule pour mieux protéger les joueurs et leur classement. Avec un classement sur 2 ans, on pourrait jouer des saisons plus longues, on ne subirait pas la pression à 100 % chaque semaine et si on perdait un match, et bien, ça ne ferait pas chuter le classement aussi brutalement.
Si l'on veut rendre le spectacle plus intéressant pour le public par exemple, il faut leur permettre de mieux comprendre le classement car actuellement, le public ne comprend rien au classement ! Et cela c’est la Race. Les meilleurs joueurs de l'année jouent les masters class. C'est cela qui compte, et le classement protège les joueurs et la Race nous dit qui est le meilleur de la saison.
Voilà. Je crois que j'en ai assez dit.
Johnny Utah