Pour la première fois depuis le début du quinquennat, les sympathisants du Front de Gauche sont majoritairement hostiles au Président de la République selon le baromètre de confiance Harris Interactive réalisé en partenariat avec Délits d’Opinion. Euphorie de la victoire aidant, l’accession au pouvoir de la gauche avait mis en sourdine les divergences idéologiques. 95% des sympathisants du Front de Gauche soutenaient alors François Hollande. Unan d’érosion plus tard, seuls 40% le soutiennent encore. Que reprochent les partisans de Jean-Luc Mélenchon au Président ? Et le divorce est-il consommé ?
1. Hollande, dans les pas de Sarkozy ?
Un an après, il y a d’abord ce sentiment de déjà vu. Pour ces partisans du Front de gauche sondés par Harris Interactive, François Hollande a beau être socialiste, il mène « la même politique » que le quinquennat précédent. Les promesses du candidat ont laissé place à « une gestion de droite ». A entendre ces sondés, aucune preuve tangible ne peut acter le changement pourtant promis. Fiscalité, orientation européenne, libéralisme : la continuité l’emporte.
2. Hollande, prisonnier de la finance ?
Au coeur de la déception émerge le sentiment que « les marchés financiers et les nantis » ont gagné. Hollande les avait pourtant montrés du doigt, ces ennemis de la finance, lors du discours fondateur du Bourget. Une rhétorique brillante à laquelle les électeurs du Front de Gauche ont cru. Interrogés par Harris Interactive, ils sont aujourd’hui amers face à un pouvoir qui semble s’être renié : « Hollande est soumis au marché et au Medef », « il sacrifie les salariés aux lobbys des banques », « il refuse de s’attaquer aux puissances financières ». La ligne sociale démocrate qui tait son nom ne fait en tout cas guère de doute pour ces déçus .
3. Hollande, dépassé par l’ampleur de la tâche ?
Le troisième grief exprimé par les sympathisants du Front de Gauche recoupe une inquiétude plus large des Français. Hollande est-il vraiment aux manettes du pouvoir ? Les sondés s’interrogent sur la détermination d’un Président « pas assez courageux », « pas assez volontaire » ou « hésitant ». Les propos tenus sont durs face à celui qui ne semble « pas vraiment peser sur les cours des évènements » et dont la pondération presque résignée est si éloignée de leur chef Jean-Luc Mélenchon.
4. Mais un Président honnête & sérieux.
Mais cette pondération qui sème majoritairement le trouble des électeurs du Front de Gauche, contribue néanmoins à rassurer une minorité. Le sérieux de l’homme, sa volonté de bien faire l’emportent sur le reste. « C’est un homme honnête qui a hérité d’une situation catastrophique et qui fait tout pour que la France s’en sorte ». Pour ces soutiens minoritaires, François Hollande ne peut encore être jugé sur ses résultats, un an seulement après son accession au pouvoir.
5. L’anti-sarkozysme.
Enfin, demeure exprimé – minoritairement- la satisfaction d’avoir « débarrassé » le pouvoir de Nicolas Sarkozy. Ce nouveau Président « sans bling-bling », « ne peut pas être pire que Sarkzoy ». Un anti-sarkozysme qui souligne en filigrane la faille majeure du Président. Un an après, qui peut dire vraiment ce qu’est le Hollandisme ?