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Au cinéma : «Le Passé»

Publié le 31 mai 2013 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Après le succès critique et public de « Une Séparation », le réalisateur iranien revient avec une production française : « Le Passé ». Il réunit devant sa caméra Bérénice Bejo, Tahar Rahim et Ali Mosaffa. « Le Passé » était en sélection officielle en compétition au 66ème Festival de Cannes. Bérénice Bejo a remporté le prix d’interprétation féminine à cette occasion. « Le Passé » sortait dans nos salles le 17 mai 2013.

Synopsis : Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d’Ahmad pour tenter d’améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.

Quand j’ai vu pour la première fois la bande-annonce de « Le Passé » dans mon cinéma, je me suis dis : « Mais c’est quoi ça ?! ». Je ne comprenais pas trop ce que le film racontait. C’est donc plus qu’intrigué que je me rendis dans ma salle de cinéma pour voir ce film. Le film commence par deux personnages, chacun d’un côté d’une vitre, essayant de communiquer sans s’entendre. Cette scène résume assez bien où le film veut nous amener : dans une famille où la communication ne passe pas, ce qui créée des conflits. Le non-dit et les secrets sont la clé de voûte de l’édifice de « Le Passé » mais c’est aussi son point faible.

Pourtant tout commençait bien.  On découvre une famille reconstituée dans laquelle revient l’ex-mari de la mère, afin d’officialiser le divorce. La réalisation d’Asghar Farhadi est toujours aussi épatante. Jouant avec les miroirs, les portes, les fenêtres et les vitres, il crée de véritables connections entre eux. La maison dans laquelle habitent les personnages fait clairement écho à leurs situations. La maison est-elle en travaux ou est-elle entrain de se dégrader ? Les personnages avancent-ils ou s’abîment-ils de l’intérieur ? En plus de cela, Asghar Farhadi nous livre des personnages avec un potentiel énorme, et l’on attend qu’une chose : les découvrir un peu plus de l’intérieur. Jusque là c’était très réussi.

Puis vient la deuxième partie du film. Elle commence avec un gros twist que je pensais être comme un gond avec la première partie, puisqu’il ouvrait des portes assez intéressantes. Mais dix minutes plus tard, un autre twist vient faire son apparition « annulant » le précédent. Puis un autre twist fait son apparition, puis un autre, puis un autre … jusqu’à n’en plus finir. Je ne suis pas contre les twists, surtout que j’adore ce genre de film, mais le problème avec « Le Passé », c’est qu’à aucun moment il nous donne ne serait-ce qu’une clé pour comprendre.

Ce qui fait la force des films comme « Sixième sens » ou « Usual Suspects », c’est qu’on peut percevoir ici et là des indices qui nous amènent au twist. Hors Asghar Farhadi place le spectateur dans une telle situation qu’il ne peut que subir. J’étais dans mon siège à attendre le prochain twist, puisque aucuns indices ne me seront donnés pour chercher, deviner ou essayer de comprendre ce qui se passe. Asghar Farhadi ne cherche pas à interagir avec le spectateur mais le laisse en position de témoin de son histoire.

Cependant, je ne peux pas nier la qualité du jeu des acteurs, en plus de celui de la réalisation. Bérénice Bejo joue toute en retenue au début, pour mieux exploser après. Je comprends tout à fait son prix d’interprétation féminine à Cannes. Tahar Rahim est toujours aussi bon, et livre un personnage tourmenté parce qui lui arrive. Ali Mosaffa, qui joue l’ex-mari, reste assez neutre, avec quelques très beaux moments, mais c’est normal puisque son personnage est complètement en dehors de tout ça et joue le médiateur, en quelque sorte. Alors que c’est son premier film, Ali Mosaffa m’a convaincu de son potentiel. Le trio d’enfant est tout autant exceptionnel, avec à sa tête Pauline Burlet, excellente dans le rôle de cet adolescente déboussolée.

Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder à plusieurs reprises ma montre dans la dernière demi-heure, beaucoup trop longue. Le film aurait gagné à être plus court. Cela aurait en même temps permis de moins expédier à la va-vite sa fin. La fin du film abandonne les personnages trop vite et ne va pas assez dans le fond des choses. Asghar Farhadi ferment les portes entrouvertes de son film avec une rapidité déconcertante. Seule qualité à cette fin : le dernier plan, d’une toute beauté.

« Le Passé » est un film où les acteurs subliment et où la caméra d’Asghar Farhadi se révèle intelligente. Cependant, le film abuse trop de twists et au final, se ferme sur lui-même quitte à laisser le spectateur de côté.

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Le Passé. De Asgahar Farhadi. Avec Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa, Pauline Burlet, Jeanne Jestin, Elyes Aguis, …

Sortie le 17 mai 2013.



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