À l’extrême nord du Canada, des scientifiques ont découvert une végétation cachée sous un glacier depuis plusieurs siècles. Congelées tout ce temps, ces mousses étaient loin d’être mortes et se sont même montrées capables de revenir à la vie.
Le petit âge glaciaire, qui s’est étendu entre le XIIIe et le XIXe siècle, fut marqué par un refroidissement important des hivers et par des étés très courts dans l’hémisphère nord. Durant cette période, l’île canadienne d'Ellesmere, à l’extrême nord du pays, fut engloutie par les glaciers en formation. La végétation de l’île, composée essentiellement de mousses et de lichens, fut alors recouverte par une épaisse couche de glace.
Depuis la fin de cette époque, le phénomène inverse s’est produit et les glaciers n’ont pas cessé de reculer. Sur l’île d'Ellesmere, le glacier Teardrop s’est retiré d’environ 200 m, libérant ainsi la végétation prisonnière de la glace depuis plusieurs siècles. Une équipe canadienne de l’université de l’Alberta a remarqué que certaines des plantes de couleur foncée possédaient de petites tiges vertes en croissance. Ces résultats, publiés dans la revue Pnas, montrent que certains végétaux enfouis sous le glacier de l’île d'Ellesmere pendant plus de 400 ans sont restés vivants !
Le glacier Teardrop, situé sur l’île canadienne d'Ellesmere, a reculé d'environ 200 m depuis la période du petit âge glaciaire. Il a redonné leur liberté à des plantes emprisonnées depuis plus de 400 ans sous la glace. © Université de l'Alberta
Les bryophytes (des mousses) retrouvées sur le terrain anciennement prisonnier des glaces appartiennent à des espèces différentes de celles poussant dans les environs du glacier Teardrop. Pour confirmer leur âge, les scientifiques ont réalisé une datation au carbone 14 de la partie ancienne et foncée de ces végétaux. Leurs résultats suggèrent qu’ils ont entre 400 et 615 ans !
Des plantes âgées de plus de 400 ans
Les auteurs ont alors récupéré 24 échantillons de plantes et les ont fait pousser en laboratoire, dans un sol riche en nutriments. En quelques mois seulement, ils ont pu faire revenir à la vie sept des plantes. Selon les auteurs, la congélation des végétaux a permis de les conserver et de maintenir une partie de leurs cellules en vie pendant ces longues années. Des analyses microscopiques plus poussées ont montré que les zones plus âgées des plantes avaient une structure cellulaire intacte, préservée par la glace.
D’autre part, les bryophytes présentent une capacité de totipotence, ce qui signifie que leurs cellules végétales peuvent se différencier en n’importe quelle cellule spécialisée et aboutir à un être vivant multicellulaire. Les glaciers serviraient donc de réservoirs à tout un écosystème végétal pouvant revenir à la vie après une période de températures extrêmement froides. Ces résultats montrent à quel point certaines formes de vie peuvent être persistantes.