Je reviens ici sur cet article de Libération Peillon: «pas de débat sur la théorie du genre» à l’école.
Le genre n’est pas une théorie. Dire que cela en est une, c’est comme de dire que Les 3 ordres au Moyen-âge sont une théorie. Dire cela pour un ministre de l’éducation est faire preuve d’une ignorance crasse. Je voudrais au passage souligner à Peillon que cela n’est pas la sexualité qui est difficile à vivre chez les homosexuel-les. C’est l’homophobie. Vous retournez ici la faute contre eux et dites, clairement, que s’ils n’avaient pas cette sexualité, alors il n’y aurait pas de problème.
On confond ici un concept – le genre – qui existe – et je vais démontrer pourquoi une nouvelle fois – et les idéologies à propos du genre, qui, elles , en effet diffèrent.
1. Le genre c’est quoi.
Le genre est le sexe social. Un enfant naît en France, on constate qu’il a un pénis ou un vagin (faisons simples), on l’élève différemment. On attend d’une femme certaines choses, on attend d’un homme d’autres choses.
Pourquoi parler de genre ? Parce que la féminité et la masculinité ont évolué au cours des siècles, des lieux et continuent à le faire.
Dans cet article, on nous parle de la littérature jeunesse qui se genre de plus en plus. Vous avez ici une évolution patente comparée à mon enfance (fin 70′s) où les livres pour enfants étaient encore assez peu genrés. Vous constatez que la féminité s’envisage de plus en plus tôt et est de plus en plus axée sur l’apparence, la beauté. Et bien cela c’est le genre. Vous avez tous constaté (et dénoncé d’ailleurs) la sexualisation précoce des gamines ; et bien cela découle d’une évolution du genre. On tend à considérer que la féminisation (le devenir femme de Beauvoir) doit passer par cette sexualisation précoce. On tend de plus en plus à dissocier femmes et hommes le plus tôt possible.
Prenons un autre exemple. Mme B.
Mme B. a les cheveux courts.
Mme B. a été journaliste.
Mme B. est femme politique.
Mme B. a été députée.
Mme B. s’exprime publiquement sur beaucoup de sujets.
En 1900, Mme B. n’aurait pas pu faire tout cela. On l’aurait renvoyée dans ses pénates en la traitant de suffragette. On lui aurait collé un chapeau sur la tête. De toutes façons Mme B. n’aurait pas eu le droit de vote donc être députée aurait été impossible.
Il y a eu des lois bien sûr qui ont donné des droits à Mme B. Mais ces lois sont passées par une évolution des esprits, de la société qui ont pensé différemment la féminité. A partir du moment où l’on intégrait qu’une femme pouvait voter, pouvait s’exprimer sur des sujets politiques, alors les lois pouvaient être votées. Et cela est simplement du à une évolution du genre féminin. Si le genre n’avait pas évolué, si la façon d’être socialement une femme n’avait pas changé, alors Mme B. serait toujours chez elle (oui je sais, je sais…).
2. l’idéologie.
Evidemment autour de tout concept, il y a des idées différentes. L’on sait tous que le capitalisme existe (même si l’on en a des définitions différentes) et on n’est pas tous d’accord sur son devenir.
C’est strictement la même chose autour du genre.
Pour ceux qui parlent de « théorie du genre », femmes et hommes devraient rester sur des chemins strictement parallèles. Je tiens à leur rappeler que les choses ne sont jamais figées donc féminité et masculinité évolueront de toutes façons. Il y a 100 ans vous auriez sans doute considéré que le droit de vote des femmes conduirait à l’extinction de la civilisation. Je vous rassure, on dira autre chose dans 100 ans et la civilisation, pour ce que cela veut dire, sera toujours là.
Pour vous, mes semblables et moi briguons de débouler dans toutes les crèches de France pour arracher des mains des bambins mâles leur camion fétiche pour leur coller une barbie.
Je vous rassure cela ne sera pas le cas.
Je vous inquiète, on a pour projet de laisser les garçons jouer à la barbie s’ils le souhaitent. Car c’est cela le grand projet du grand complot LGBTQHDGRJ. Permettre aux gens de faire ce qu’ils veulent. Tu es un homme, tu veux jouer au football, porter un costard et une cravate ? MAIS TANT MIEUX. Mais en revanche, on ne veut plus, jamais, qu’un mec qui a des souhaits tout différents, soit insulté pour cela.
Nous ne voulons plus lire qu’une femme n’a pas toute sa place dans le jeu video.
Je ne veux plus qu’une femme me dise que son gamin ne peut mettre des baskets roses qu’il adore parce qu’on le frappe quand il en met. Ca n’est pas grave, il s’en remettra de ne pas les mettre ? Mais si cela n’est pas grave comme vous dites, alors laissez le les mettre.
Est ce que le choix d’être ce qu’on désire, vous semble si perturbant ? Que craignez vous très exactement ? En quoi cela va-t-il influer sur vos choix personnels ? Ne plus harceler un gamin ou une gamine qui ne rentrent pas dans toutes les cases vous semble atroce ?
Et oui l’homosexualité fait partie de tout cela.
L’homophobie est constituée, pour part, de sexisme. Les homophobes ont le plus grand mal à assimiler qu’un homme puisse être pénétré (la majorité des commentaires homophobes portent sur ce sujet), qu’il ne respecte pas son « rôle d’homme ». Les homophobes ne se remettent pas du fait qu’une lesbienne puisse se passer de la sacro sainte bite.
Mais QUI vous demande de penser à ce que les gens font dans leur lit (ou ailleurs oui) ? Qui vous demande de suivre des choix ou des modes de vie qui ne sont pas les vôtres ?
On vous demande simplement de nous foutre la paix. Et si la perspective d’un garçon jouant à la dinette ou d’une jeune femme jouant à un jeu video, demandez vous ce qui vous gêne au lieu de priver les gens de choix multiples, variés, divers.