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Toutes les vérités sont elles bonnes à dire ?

Publié le 31 mai 2013 par Corboland78

J’étais en vacances la semaine dernière quand un jour, en milieu de journée tandis que nous nous promenions, j’ai été pris d’une petite faim. L’air de la mer ça creuse, c’est bien connu. En temps normal j’aurais passé outre et attendu d’être rentré chez moi pour engloutir quelque chose, mais en vacances, on ne se refuse rien, donc je suis entré dans la première boulangerie venue.

Il est vrai que les viennoiseries étalées sous leur vitrine paraissaient mortes depuis bien longtemps mais j’étais entré et la patronne attendait ma commande. Je me suis dégonflé et au lieu de ressortir voir ailleurs si les petits pains au lait seraient meilleurs, j’ai demandé un pain au chocolat d’un ton résigné. J’ai payé et j’ai filé.

Bien entendu il n’était pas bon. Quand après s’être effrité sur mes vêtements et ne m’avoir laissé en main qu’une pâte rassise au milieu de laquelle comme dans un tombeau, gisait une minuscule barre de chocolat, j’ai enfin entamé l’encas, ma grimace de dépit a peut-être beaucoup amusé ma compagne mais elle fut la seule à se réjouir.

C’est alors que je me suis interrogé. Devais-je faire comme si de rien n’était, ou bien revenir voir la boulangère pour lui exprimer ma façon de penser ? Je suis prêt à parier qu’en pareil cas, quasiment personne ne rouspète. Mais pourquoi ?

Parce qu’on ne va pas s’engueuler pour une viennoiserie, car il est certain qu’une remarque désobligeante envers un commerçant ne peut que dégénérer verbalement. Parce que dans mon cas, je ne retournerai jamais dans cette boulangerie. Parce que si c’était mon boulanger habituel, après l’engueulade viendraient les ripostes du farineux, chaque fois il me vendrait ses ratés boulangers. Quelque soit l’explication, la conséquence resterait la même pour moi, au mieux mon pain au chocolat ne me serait pas remboursé, au pire mon boulanger me prendrait en grippe pour la vie.

Vous en conviendrez la situation est intolérable. Fort de cette conclusion, je m’apprêtais donc à rebrousser chemin pour dire deux mots à la marchande, conforté par l’idée que je ne la reverrais plus jamais, quand je réalisai que nous avions beaucoup trotté durant ma réflexion et que nous étions bien trop loin de son échoppe pour que je perde mon temps précieux de vacancier à revenir lui secouer les puces.

De plus, nous passions devant une pâtisserie extrêmement affriolante où des religieuses me clignaient de l’œil et des paris-brest stationnaient en vitrine, m’attendant certainement.    


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