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L'incitation à la destruction d'espèce protégée n'est toujours pas reconnue comme un délit

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

FERUS a décidé de réagir aux nouvelles menaces de mort proférées contre les ours à Sentein (Biros, Ariège).

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Il y a les menaces contre les hommes et les associations, les menaces contre les agents de l'administration, celles contre la faune, celles contre les espèces protégées, loups et ours. Elles sont parfois orales, écrites dans la presse, sur Internet ou sous formes de tags. Certaines sont suivies de passage à l’acte et d’effets : actes de braconnage, disparition d'animaux, pose de pièges ou traques.

La plainte pour "incitation à la destruction d'une espèce protégée" déposée contre José Bové, qui avait prôné sur une radio de "tirer sur les loups", a été récemment classée sans suite par le parquet de Mende.
FERUS rappelle que dans le droit français, l’incitation à la destruction d’espèce protégée n’est toujours pas reconnue comme un délit.

Cette nouvelle tentative d’intimidation à poussé l’association de défenses des prédateurs à envoyer un courrier au premier Ministre.
 « Monsieur le Premier Ministre,
La France a l’obligation légale d’assurer un statut digne de ce nom aux espèces protégées, dont l’ours, le loup et le lynx. Des évolutions juridiques ont eu lieu ces dernières années sans que cela fasse débat ; FERUS vous a adressé un courrier début mars pour vous demander Monsieur le Premier Ministre de vous appuyer sur ces évolutions passées pour parfaire ces avancées au vu des besoins mis en exergue par l’actualité de ces deux dernières années.

Une nouvelle actualité met de nouveau en avant que pour respecter nos engagements internationaux, il est indispensable de rétablir l’ordre et de faire respecter la loi républicaine.

Dans le cadre des Journées Nature Midi-Pyrénées, le réseau Pyrénées de FERUS a organisé une sortie terrain thématique « Ours brun » le 26 mai 2013. Cette sortie randonnée montagne s’inscrit en complément des mesures favorisant la cohabitation, promues par les services de l’État. Ces mesures comprennent en effet un volet « information » destiné à permettre au grand public d’apprendre sur la biologie de l’espèce protégée Ours brun, ses modes et lieu de vie. Mieux comprendre pour mieux accepter.

Rendez-vous a été donné au public intéressé dans le Biros (Ariège), lieu de vie du responsable du réseau Pyrénées de FERUS. En arrivant les participants n’ont pu que constater le montage ci-joint devant les bâtiments communaux : des ours en peluche pendus avec les inscriptions « Vous les voules vous les gardes. S’ils sortent ils sont morts. ». Ce montage a eu lieu dans la nuit précédant la sortie terrain thématique « Ours brun » et a été vécu comme une agression par les personnes inscrites à cette randonnée.

Nous pouvons aisément percevoir dans cet acte une énième tentative d’intimidation par une poignée d’opposants à l’ours. Ces comportements déplorables instaurent un climat malsain autour de la présence de l’ours dans les Pyrénées et limitent les actions constructives en faveur d’une cohabitation possible et d’un développement autour du potentiel existant de valorisation économique local de la présence des grands prédateurs.

Ces dérives sont favorisées pleinement par le silence des services de l’État face à de tels comportements improductifs et par l’absence d’outils juridiques permettant de sanctionner de tels agissements. Pour rappel, l’incitation à destruction d’une espèce protégée n’est pas reconnue en France comme un délit.

En 2012, au cours du programme de bénévolat de FERUS nommé Parole d’ours, subventionné par la DREAL Midi-Pyrénées, près de 500 structures accueillant du public et commerçants de la zone massif des Pyrénées ont été interrogés sur leur perception de l’image de l’ours, son utilisation pour le développement touristique du massif et leur intérêt personnel à s’y investir.

L’enquête est en cours d’exploitation, mais les premiers résultats sont intéressants et clairs :

  • La majorité des professionnels rencontrés considèrent l’image de l’ours valorisante ou très valorisante pour le tourisme dans les Pyrénées. Cette appréciation est encore accentuée par ceux qui l’utilisent déjà. Ceux qui la perçoivent négative sont peu nombreux (env. 12%).
  • Près de 60% des professionnels rencontrés pensent que l’image de l’ours devrait être utilisée pour le développement touristique des Pyrénées ; un quart d’entre eux seulement pensent qu’il ne faut pas le faire.
  • 200 professionnels rencontrés sont prêts à utiliser davantage l’image de l’ours si on les y aide (mise à disposition de conseils, d’outils …).

Ces premiers résultats confirment sans ambiguïté le potentiel de valorisation économique local de la présence de l’ours dans les Pyrénées qu’évoquent très régulièrement les associations FERUS et Pays de l’Ours – ADET (association pour le développement durable des Pyrénées). De même, ils relativisent sérieusement la représentativité locale des opposants à l’ours, représentativité qui reste donc limitée à une part des acteurs agricoles et cynégétiques.

Depuis des décennies, les associations de protection de l’ours œuvrent pour une cohabitation sereine et réfléchie entre les différentes activités humaines et la présence de l’ours. Certaines personnes opposées à la conservation de l’ours sont en réalité contre ce qui ne leur est pas directement utile. Ils ne comprennent pas forcément les enjeux de la conservation de la biodiversité. Pourquoi gaspiller de l’argent public pour conserver la biodiversité si en plus il n’y a pas de retombée financière directe ? Ils ne voient pas l’intérêt de conserver une espèce qui « ne sert à rien », et qui de plus pose quelques problèmes aux éleveurs, oubliant au passage les avantages obtenus pour le pastoralisme depuis les réintroductions et les nombreuses possibilités de valorisation de la présence de l’ours dans les vallées Pyrénéennes.

Cette opposition à l’ours est en manque d’arguments sérieux pour justifier son rejet de l’ours et compense par des actions d’intimidation aux conséquences négatives pour les nombreuses actions menées en faveur d’une cohabitation constructive avec l’ours par différents acteurs locaux dont les services de l’État.

Ignorer cette nouvelle alerte que FERUS vous adresse ce jour serait une étrange manière pour la France de traduire l’objectif d’exemplarité en matière de biodiversité fixé par le Président de la République. Nous ne doutons donc pas Monsieur le Premier Ministre que vos services vont mettre tout en œuvre pour faire cesser ces intimidations à l’encontre des acteurs locaux favorables à la présence de l’ours dans les Pyrénées et lutter contre les incitations à destruction d’une espèce protégée.

Dans cette attente, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de nos sentiments les plus respectueux.

Pour le conseil d’administration de FERUS

Jean François DARMSTAEDTER, Président »

Réactions pastorales

Du côté pastoral on minimise l'incident en reportant les torts sur l'accompagnateur en montagne, Christophe Popelin :

Louis Dollo écrit par ailleurs que les éleveurs de Sentein voulaient perturber cette organisation. Les arguments sous-régionaux du guide de pays montrent bien la vision étroite de propriété du milieu pastoral qui refuse de partager " les territoires ". Pour lui, seul le pastoralisme (et les locaux) ont droit à accéder à LEUR montagne. Les autres ne peuvent être que des étrangers, écolos, bobos, amateurs d'ours "slovènes"...

" Vouloir faire une randonnée naturaliste dans cette vallée qu’il connait, sur le thème de l’ours, avec l’appui de Férus, c’est, à l’évidence, et même s’il en a le droit (il n'a pas été empéché) un acte provocateur.
(…) D’autant qu’eux (NDLB : les éleveurs) paient un droit d’usage de l’espace pour y faire pacager leur bête. Christophe Popelin l’utilise gratuitement pour encaisser des honoraires de ses clients. N’y aurait-il pas comme un petit aspect discriminatoire où l’accompagnateur en ressort largement bénéficiaire ? Est-il normal qu’il fasse gratuitement du commerce sur un espace publique ? Un sujet à creuser….
(…) Et puis, la montagne est tellement vaste… Il pourrait faire visiter d’autres vallées à ses clients… Il faut savoir diversifier l’offre touristique."
Tandis que Christophe Gabert de la Fédération des Acteurs Ruraux (ex Grand-Charnier) deviendrait procédurier (Sic) " Mais l'une des questions qui se pose, c'est de savoir si cet "accompagnateur" respect la loi, est-il sur que l'ensemble de son parcours se trouve sur la voie publique? ou bien viole-t-il les propriétés privées au mépris des propriétaires, des exploitants... et le tous pour promouvoir l'ours carnivore slovène au milieu des pâturages... Si ce monsieur ne peut pas comprendre que cela n'attire pas que de l'amitié, il vaut mieux qu'il aille faire ces randonnées a fontainebleau..."

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