Par sécurité, les cabos doivent être tenus en laisse

Publié le 30 mai 2013 par Rolandlabregere

Les bobos sont les bienheureux des sociétés postmodernes. Constitués en tribus plutôt hébergées dans les centres villes rénovés, maquillés de poutres apparentes, les bobos agacent, font sourire et grincer les dents en même temps. Vaguement libertaires mais raisonnables malgré tout, ils affichent des convictions bon enfant. Ils sont fréquentables en dépit de leur appartenance à la gauche « foie gras préparé par mes soins ». Rien de cela avec les cabos et les cabobos, chiens de garde des nouvelles bien-pensances, celles qui puissent leurs sources dans la veille marmite de l’Inquisition et mitonnent le brouet de l’obscurantisme et de l’ostracisme.

Sans lien de parenté, avec les bobos, les cabos (catholiques bourgeois, tendance banlieue ouest) et leurs alliés les cabobos (catholiques bourgeois du boccage, tendance canal vendéen) ont déversé dans les rues de Paris l’entier catalogue de l’expression des haines et des fanatismes revanchards. Entre un rassemblement « au nom de la foi chrétienne » devant le siège du Grand Orient de France en guise d’apéritif pour s’échauffer l’esprit le vendredi 24 mai à l’initiative du groupuscule autoproclamé Le printemps français, et les cortèges du dimanche 26 mai, les droites rassemblées ont rabâché leur utopie, celle d’une France blanche, catholique, sans générosité et hostile à tout ajustement des lois avec l’évolution des mœurs.

De nombreux sites d’information ont mis en ligne en direct les photos de cet événement qui se prend pour une révolution. Les images parlent sans qu’on les sollicite. Elles montrent cruellement la diversité des participants rassemblés dans les divers cortèges. C’est l’album de famille de la beaufitude qui est impudiquement dévoilé au grand jour. Dans la manif « pour tous », définition abusive (comme d’ailleurs celle de l’Ecole Libre qui ne devrait concerner que celle qui est libre de toute influence dogmatique, c'est-à-dire l’Ecole Publique), on a pu ainsi remarquer des séminaristes en tenue de scoutisme, des mères d’élèves revêches, des anciens de l’Algérie coloniale, des jeunes filles en route pour leur première surprise party, des papys vociférateurs, des duègnes à l’allure pétainiste, des étudiants d’Assas, des retraités en tenue de vacances au Touquet, des activistes du GUD, des aficionados des astuces de Christine Boutin, encore une fois très en verve. C’est tout le casting d’une France frileuse et sans autres passions que celles de l’exclusion et de la revendication d’une identité fondée sur les peurs et le sentiment d’une normalité à vocation universelle qui a battu le pavé.

Christine Boutin, le 27 mai, encore allumée de son expérience pédestre de la veille, http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2013/05/27/christine-boutin-on-est-envahis-de-gays_3418318_3224.html lâche tout de go qu’aujourd’hui « la mode, c'est les gays. (...) On est envahis de gays ». Pour un peu, elle serait tentée par un appel du 18 juin. Le Monde qui rapporte ces propos en ayant à l’esprit ses multiples dérapages sur Twitter note que « la présidente du Parti chrétien-démocrate n'en est pas à son ballon d'essai ». Ne s’agirait-il pas de ballons d’excès ? Une question taraude le pays. Ces ballons, elle les prend en terrasse ou au comptoir ?