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L’avocat des jeunes interpellés et condamnés pour jet de pierres ou de canettes sur les forces de police lors de la manif dite pour tous, dimanche dernier à Paris, a plaidé devant le tribunal correctionnel en choisissant un axe, selon lui, déterminant. « Ces jeunes gens sans casier judiciaire, étudiants pour la majorité d’entre eux, sont issus de familles honorables. Autrement dit, ce sont des jeunes gens bien élevés pas comme ceux qui fréquentent habituellement ce tribunal. » En entendant cette formule à la radio ce matin, je me suis interrogé sur le sens à donner à « bien élevés. » Suffit-il d’appartenir à une famille bourgeoise et catholique, d’être contre le mariage pour tous pour avoir l’honneur d’être qualifié de bien élevé ? Certainement pas. Le droit de manifester étant cependant inscrit dans notre constitution, le fait d’aller dans la rue pour défendre ses opinions n’est pas répréhensible et on n’est donc pas mal élevé quand on affirme ses valeurs et qu’on conteste celles que le législateur propose. Pourtant, pour être bien élevé et mériter ce titre, il faut respecter la loi. Quand une loi est votée et promulguée, quand les décrets d’application sont rédigés et signés, on peut évidemment maintenir son opposition à cette loi sur le plan individuel mais on ne peut pas casser du flic parce que le pouvoir est de gauche et qu’on le méprise. La violence urbaine ne fait pas de distinction entre les délinquants habitués et les délinquants d’un jour. Jeter une pierre sur les forces de police est un délit qui mérite une sanction. J’ai souvent manifesté dans les rues de Paris, Rouen et Evreux contre des réformes scolaires, sociales, sociétales que la droite allait proposer et voter au Parlement. Il ne m’est jamais venu à l’idée de casser du flic ou des feux rouges ou des abri-bus. Il ne m’est jamais venu à l’idée de briser des vitrines et de renverser des tables aux terrasses des cafés. La démocratie, pour être crédible et efficace, doit contraindre au respect de certains principes et appliquer la loi en est un. Manifester n’est pas casser. Je ne suis donc pas certain que l’argument des avocats de ces jeunes « bien sous tous rapports et donc bien élevés » visant à obtenir la mansuétude des juges soit le meilleur. Ne vaut-il pas mieux plaider l’erreur exceptionnelle, le pétage de plombs, la mauvaise colère et en assumer les conséquences ? Ne vaut-il pas mieux assumer sa totale responsabilité et demander aux magistrats d’adapter la peine à la faute…et obtenir le sursis ?