Madame Pomme me cite, et moi, etc.:
Madame Pomme
30 mai 2013 · by reynaldfreudiger · in Madame PommeMadame Pomme doit faire passer des examens. Elle repense alors avec amusement à ce texte d’Alain Bagnoud qu’elle a lu quelques années plus tôt :
« Les circonstances font que, ces jours, mon rythme est un peu perturbé par des examens oraux. Non, non, je les fais passer à d’autres. C’est intéressant. On a des textes et autour, toutes sortes d’élèves. Celui qui est incapable de reformuler la moindre proposition. Celui qui se contente d’une paraphrase minutieuse. Celui qui résume chaque paragraphe et vous regarde triomphalement comme s’il avait pondu un œuf. Celui qui croit qu’on est en Afrique parce que le texte parle d’éléphantiasis. Celui qui sépare le passage en parties égales, le coupe toutes les dix lignes exactement. Celui qui ne vous épargne aucune figure de style et connaît le catalogue exact des métaphores, comparaisons, synecdoques, chiasmes, métonymies, oxymores, hypallages… Celui qui croit que tout est ironie. Celui qui imagine des allusions sexuelles dans la moindre expression. Celui qui voit une critique de la société dans chaque phrase qui commence par mais. Celui qui se lance dans des interprétations New Age… Si je me souviens bien, l’explication de texte avait été introduite dans un louable souci de démocratisation des études. Il s’agissait de contrebalancer la simple culture générale et principalement la connaissance de la biographie des auteurs, apanage plutôt des castes dominantes, par une technique que chacun pourrait maîtriser avec un peu de travail. Malgré tout on a recréé de l’inégalité. L’explication de texte ne récompense pas le mérite. Les gens se montrent différents devant les écrits. Les perméabilités sont diverses, il y en a qui ne sont pas du tout sensibles aux faits du texte et d’autres qui, grâce à leur sens de la langue, réussissent de parfaits exercices sans avoir même lu le roman dont l’extrait est tiré. Injustice crasse. Ceci dit, de toutes celles qui perturbent l’harmonie universelle, celle-ci, en toute connaissance de cause, est l’une de celles que je peux le mieux accepter… »
Elle aurait pu l’écrire – elle pourrait le signer ! (Madame Pomme est naïve : elle se croit écrivain.)