Nous embarquons pour une ballade des gros diesels institutionnels sur la création d'une économie solidaire, sachant bien que la solidarité est une affaire de citoyens entre eux. Ou devons-nous parler de "prestations gouvernementales" en faveur d'entreprises, définies comme "marchés réservés" par le ministre de l'économie sociale et solidaire ?
Un ministre consacré à la tâche, qui fait de bien grands discours, remplissant des volumes de bien gros dossiers, devant être relus, corrigés et acceptés par de bien gros patrons, pour la mise en place de "pôles territoriaux de coopération économique", ou pour faire court PTCE. Oui, mais ça pète bien haut tout ça, juste pour parler de solidarité. Ne suffirait-il pas simplement de baisser les charges sur les salaires, radicalement, pour faire preuve de vraies mesures de solidarité, plutôt que de tricoter des brouettes de textes dans les grands amphithéâtres ?
Le ministre Benoit Hamon détaillerait donc selon 3 critères ce que doit être l'économie solidaire :
1- la non lucrativité ou lucrativité limitée.
2- la gestion désintéressée, (le fait de ne pas faire de la recherche des bénéfices l'objectif principal et unique d'une entreprise)
3- la gouvernance démocratique.
Pour mieux comprendre, on aurait besoin de créer des comités ministériels pour définir qu'une économie solidaire ne doit pas rapporter d'argent ou pas trop; que des bénéfices ne doivent pas être principalement visés, et que son contrôle doit se faire en toute démocratie.
Mais alors que prépare-t-on s'il faut de gros statuts pour préciser cela ? Depuis quand la solidarité est-elle censée rapporter de l'argent ? Donnez 10 € à un SDF, une journée de bénévolat dans une association, et vous n'en ressortez pas plus riche ! C'est une évidence... Qui aurait besoin de venir vous rappeler que vous ne devez surtout pas y gagner au passage ? Faut croire qu'Il ne s'adresse pas à des tendres, ce ministre...
La gestion désintéressée ? Quand on rassemble un tas de patrons, de hauts fonctionnaires, les émissaires de l'Union Européenne, qui vont coûter cher rien qu'en déplacements, défraiements, restauration et hébergements, impressions en volumes de copies, et j'en passe, on commence par passer à la caisse... Avant même l'ombre d'une action solidaire, bien des intérêts financiers ont déjà été satisfaits; suivez mon regard... Et expliquez-nous ensuite ce que viennent faire là tous ces gros pontes, s'il n'y avait rien à gagner ? Ce sont des gestionnaires bénévoles tous ces gens là ou des philantropes ? Vous les avez croisés vous à la croix Rouge ?
La gouvernance démocratique ? Et qui gouvernera tout cette fabuleuse mise en place ? Des citoyens ou des associations ? Visiblement pas ! Tentons d'organiser un référendum pour tâcher de comprendre ce que "démocratie" signifie réellement pour les citoyens, et ils risquent bien de ranger leur fanfare au placard.
Rendez-vous utiles chers ministres et conseillers, la France vous attend pour rehausser le niveau des salaires, en toute solidarité pour ceux qui s'usent au dur labeur que vous n'avez jamais connu. Pour ce qui concerne une monnaie solidaire ou parallèle, nous ne vous attendrons pas. Bien des projets que vous ne contrôlerez jamais sont déjà dans nos cartons, faisant circuler des monnaies auxquelles vous n'avez même jamais songé, aveuglés que vous êtes par votre paperasserie maladive, vos réunionites aiguës, vos lourds repas d'affaires, vos ronflantes conférences de presses, et vos mesurettes ministérielles, qui ne servent qu'à occuper vos encombrantes assemblées de rapports pompeux.