Je lis un livre sur la société grecque au temps de Périclès.
A cette époque, l’amour est entre hommes. Parler d’amour entre un homme et une
femme est suspect. A Athènes, la fillette vit cloîtrée dans la maison de ses
parents, jusqu’à sa puberté, elle est alors mariée, et vivra cloîtrée chez son
mari. Il y a d’ailleurs une sorte de division des tâches entre femmes. L’épouse
pour tenir la maison et produire des enfants - l’homme la voit d’autant moins qu’il
est préférable d’avoir peu d’héritiers ; les concubines pour les soins ; les
prostituées pour le plaisir. Quant aux enfants, ils n’ont aucun droits, ils
peuvent être déposés sur les ordures à leur naissance (ils meurent ou sont
récupérés pour devenir esclaves), ou vendus comme esclaves. (Les esclaves sont
assimilés à des biens mobiliers.)
Cela peut paraître bizarre. Mais c’est une illustration de
ce que le système fait l’individu. Nous
sommes conditionnés par notre environnement. Il en est de même aujourd’hui pour
la génération Y. Elle appartient à un système qui n’est pas celui de ses
parents. C’est parce qu’ils lui appliquent les règles qui avaient cours de leur
temps que ceux-ci n’arrivent pas à la comprendre. Parents et enfants sont des
étrangers ? (L’affection étant hors système, heureusement ?)
Quand il y a changement de système, il y a rupture de
continuité entre règles de vie. Pour vivre et agir dans le nouveau système, il
faut adopter les
méthodes de l’ethnologue. Il faut observer les natifs du système, et
déduire de leur comportement leurs règles de vie, puis s'y conformer. Voilà peut-être les raisons
de notre crise et sa solution. Notre
système-monde a changé. Nous devons apprendre ses nouvelles règles. Mais nous nous acharnons à appliquer les anciennes.