Le Japon est malade : il ne fait plus de bébés, ce qui découle de l’augmentation du nombre de célibataires dans le pays. Le Japon a l’un des taux de natalité les plus bas au monde, ce qui accélère le vieillissement de la population, et complexifie le financement des retraites. En 2060 le pays aura perdu un tiers de sa population actuelle. Un déclin démographique qui ne manquera pas de porter un coup sur l’économie nippone. Pour renouer avec le fondement du développement humain, la reproduction, l’économiste Takuro Morinaga a une formule magique : inciter fiscalement les femmes à se rapprocher de cette manne de célibataires.
La crise économique est à l’origine de ce problème. Depuis l’éclatement de la bulle financière des années 1990, l’emploi à vie s’est effondré, et en dix ans seulement, la crise a fait chuter le revenu annuel moyen d’un homme trentenaire de 47 000 euros à 28 000 euros (-40%). Or les japonaises ayant en moyenne un revenu nettement inférieur à celui des hommes continuent de chercher la sécurité financière auprès de leurs conjoints. Bien évidemment si les revenus chutent, ces hommes trentenaires perdent de leur attractivité, et fonder une famille paraît pour des raisons économiques trop risqué, d’autant plus que les frais d’éducation sont très élevés au Japon. Du coup près de 50% des hommes japonais âgés de 30 à 35 ans étaient célibataires en 2010.
Etant donné que les japonaises ne peuvent plus juger la majorité des hommes dans une perspective à long terme, elles se laissent monopoliser par les quelques chanceux ayant une situation professionnelle confortable, et les beaux gosses de leur pays. Concrètement, ce sont les japonais dont l’attrait à la fois physique et économique laisse à désirer qui se retrouvent sur le banc du célibat chronique. En effet, plus de 70 % des hommes ayant un revenu annuel de plus de 95 000 euros sont mariés, alors qu’à l’approche des 9 500 euros, seuls 17% des hommes le sont.
L’économiste japonais Takuro Morinaga souhaite pénaliser fiscalement les beaux gosses célibataires afin d’augmenter l’attrait des autres célibataires, a priori laids, auprès de la gente féminine. Pour cela il classifierait les hommes célibataires en quatre catégories : les beaux gosses, les normaux, les moyennement laids et les laids. Les moyennement laids bénéficieraient d’une réduction de 10% et les laids de 20%, alors que les beaux gosses verraient leur taux d’imposition doubler. Un bel homme bénéficiant de hauts revenus serait imposé à hauteur de 80% de ses revenus, auquel on ajoute un zeste de 10% d’impôts locaux pour concocter une belle facture beauté de 90%. Il faudrait un salaire annuel de 100 000€, soit plus de 8 300€ par mois, pour que le bellâtre puisse gagner 10 000€ à la fin de l’année ; si on prend en compte le coût du logement et celui de la nourriture, l’affaire devient très vite impossible. Cette mesure perfide et discriminante devrait permettre de diminuer le célibat, de remplir les maternités, de stimuler la consommation, aux entreprises d’investir davantage dans un marché devenu plus attractif, et de faciliter le financement des retraites.
Afin d’évaluer l’attrait physique des hommes célibataires, l’économiste imagine un conseil d’évaluation de la beauté composé d’un jury de cinq femmes tirées au sort, lesquelles devront rendre un jugement à la majorité. J’imagine la déception de l’homme qui vient d’être jugé beau gosse par un tel jury, mais aussi la nouvelle carte de visite « laid » qui apparaitra plus souvent au cours des fameux speed dating.
Pas sûr que cette proposition plaise à tout le monde, dont aux femmes, et encore moins que cela soit réaliste. Néanmoins le vieillissement de la population est un problème critique au Japon où 40% de la population aura plus de 65 ans en 2060.
JTA