Dans un film récent, Molière à bicyclette, le comédien français Fabrice Lucchini joue le rôle du Misanthrope (une pièce créée en 1666) avec le talent qu’on lui connaît pour le théâtre classique. Tout comme le personnage d’Alceste, le misanthrope* de la pièce, celui du film vit retiré du monde, loin de la cour et des courtisans.
Normand Charest – chronique Valeurs de société – dossier Culture
La cour du temps de Molière (1622-1673) est remplacée, dans le film, par le milieu actuel du théâtre et du cinéma parisiens. Le Philinte moderne (joué par Lambert Wilson) est un comédien de téléroman, adulé de tous, très bien payé, mais dont le jeu est superficiel. À l’opposé, notre Alceste joue Molière de manière magistrale, tout en étant pratiquement ruiné.
Commencer du bon pied
Le deuxième est semblable au misanthrope. Il est sincère lorsqu’il se révolte contre l’hypocrisie : « Je veux qu’on soit sincère et qu’en homme d’honneur / On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur » (Alceste). Mais à en vouloir, comme lui, à tout le genre humain, on oublie que l’on en fait soi-même partie. Et c’est se placer bien haut que de juger ainsi l’humanité entière.
Oui, nous avons bien raison de refuser la fausseté. Mais plutôt que de nous retirer du monde, il vaut mieux agir de manière constructive afin de changer ce qui peut l’être.
C’est ce que font les personnes qui s’activent dans les organismes communautaires. Puis toutes celles qui tâchent d’améliorer leur quotidien, et celui des autres, en commençant par les petites choses. En commençant par le sourire et la bonne humeur entre le client et la personne qui lui tend son café le matin, par exemple.
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