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La France morte, c'est maintenant

Publié le 29 mai 2013 par Copeau @Contrepoints

En quarante ans, la France a réussi le pari de passer d'une économie dynamique à une nation vieillissante et arc-boutée sur des idées économiques qui sentent décidément la naphtaline. Avec François Hollande et son gouvernement, l'immobilisation de la société s'est étendue à toutes ses strates avec une rapidité confondante. Tout se passe comme si le cancer socialiste, colbertiste, étatiste et bureaucratique qui ronge le pays depuis trop longtemps venait de métastaser de façon fulgurante.

Et ce n'est plus de ralentissement ou d'immobilisme qu'on parle maintenant, mais, véritablement, de nécrose.

L'actualité est effrayante ; à raison d'un billet par jour, j'ai même du mal à recenser la véritable avalanche d'interventions catastrophiques d'une équipe gouvernementale en roue libre. Les poulets sans tête qui nous gouvernent continuent à courir en aspergeant de leurs idées rances chaque domaine qu'ils approchent.

Surtout, ne pas devenir propriétaire

L'immobilier est, évidemment, au premier rang de ceux-là : d'une part, c'est un marché tellement énorme qu'on voit mal un politicien s'en tenir à l'écart. C'est trop juteux, tant en commissions, pots-de-vins, influences et autres magouilles purement financières qu'en termes de levier électoral. D'autre part, c'est un marché qui est connexe à tant d'autre et repose si judicieusement sur la notion de propriété privée qu'il agit comme un véritable aimant sur tout ce que la politique contient d'envieux, de jaloux et de profiteurs. Pas étonnant, donc, que ce marché soit noyé dans les codes et les décrets.

hollande la france morte

Et, de lois en règlements, la possession d'un bien immobilier est devenu le marqueur pratique pour déceler le riche, le possédant, et lui faire violemment sentir le poids de son péché. On ne s'étonnera donc pas de découvrir que toute velléité de louer son bien à des touristes, en dehors d'un cadre de plus en plus strict (et de plus en plus étroit) va maintenant être poursuivie avec acharnement. Vous êtes propriétaire et vous désirez louer votre bien, aussi longtemps que possible, à des touristes de passage ? Sachez qu'il vous en coûtera : remplir des formulaires en pagaille, graisser – légalement ou non – des pattes bureaucratiques multiples, ne pas entrer en concurrence avec la myriade de lobbies (hôteliers, touristiques, immobiliers...) qui ont déjà des entrées au Sénat et à l'Assemblée.

Autrement dit, vous êtes à présent copropriétaire minoritaire de votre bien, le premier étant l’État, et à parts égales avec tous les intervenants possibles et imaginables qui viendront se greffer sur la moindre possibilité pour vous d'en tirer profit : rassurez-vous, si tous font leur travail comme il faut, louer votre bien ou en trouver un usage rémunérateur sera impossible ou finira par vous coûter plus cher que ce qu'il vous rapportera.

On est en Socialie, après tout.

Surtout, ne pas fumer

Après cette immobilisation progressive du marché de l'immobilier duquel on expurge progressivement la notion de propriétaire, passons maintenant au marché de la cigarette électronique.

Pour ceux qui ne suivraient pas, il s'agit d'un dispositif électronique simple qui permet à son utilisateur d'inspirer de la vapeur d'eau mélangée de parfum et, éventuellement, de nicotine. Il remplace avantageusement la cigarette traditionnelle puisque les volutes relâchées ne contiennent plus aucun élément toxique qu'on associe habituellement au tabagisme passif, ne produit pas de cendres, pas d'odeurs nauséabonde de tabac froid et le procédé ne dépendant pas d'une combustion (le liquide est juste chauffé pour obtenir de la vapeur), ne dispose d'aucun des déclencheurs reconnus du cancer.

Et aussi, bien sûr, il n'est pas régulé en France, puisqu'il est relativement nouveau. Comme il n'y a eu aucun mort (personne n'a eu, semble-t-il, l'idée d'en croquer un ou de se le fourrer violemment dans un orifice inapproprié et d'en mourir), comme l'utilisation récente écarte toute épidémie cancéreuse de ces milliers d'utilisateurs reniflant de la vapeur d'eau, il était plus qu’impératif que l'une ou l'autre entité de l’État légifère sans attendre : un truc qui fonctionne, qui ne pose pas de dangers, dont personne ne se plaint et qui résout des douzaines de problèmes ? Pas de doute, il faut vigoureusement l'encadrer !

Sinon, on commence comme ça et les gens finissent par se rendre compte que ce n'est pas l’État qui construit et répare les routes, que ce n'est pas l'administration qui sauve les malades, que ce n'est pas Popol Emploi qui recase les chômeurs et que moins on entend parler des ministres, mieux on se porte.

Bref : il faudra donc envisager d'interdire la cigarette électronique dans les lieux publics. Bien sûr, le motif habituel (tabagisme passif, mauvaises odeurs, risques d'incendie) ne pouvant fonctionner, on utilisera l'un des motifs suivants, au choix :
- c'est moche
- cela fait un petit bruit bizarre
- cela incite les anciens fumeurs à retomber, et les non-fumeurs à fumer.

Le troisième semble le bon, tout comme, par exemple, les cuillères incitent les gens à manger, ou les vélos incitent les piétons et les automobilistes à enfourcher la petite reine pour pédaler comme des fous dans les rues citadines en criant "youpi". C'est évident.

Surtout, ne pas innover

gustave labarbeEt d'une évidence à l'autre, puisque les innovations apportent, par définition, du changement, que ce changement entrave l'immobilisme (le caractère champignacien de cette image n'est pas fortuit : on est en France, que diable) que toute la douillette bureaucratie française entend installer moelleusement dans tous les cantons du pays, il faudra encadrer, réguler, légiférer afin d'éviter qu'une activité économique nouvelle ne se développe.

C'est ce à quoi s'emploiera donc cette inutile poterie décorative de Sylvia Pinel (qui occupe plusieurs cabinétards et un emploi bidon de minustre chargée de l'artisanat, du commerce et de l'augmentation de son patrimoine personnel) qui, on se le rappelle, avait déjà reçu comme mission plus ou moins officieuse de décaniller le statut d'auto-entrepreneur qui a le don, il faut bien le dire, d'enquiquiner tout le gouvernement puisqu'il évite de créer des dizaines de milliers de chômeurs en instaurant une concurrence fictive avec les artisans déjà installés.

Sans doute toute ragaillardie par l'efficacité déjà redoutable de ses exactions sur le régime d'auto-entrepreneur, la brave Pinel a décidé qu'on pouvait aller plus loin en encadrant fermement (lisez : faire furieusement chier) les entrepreneurs qui se lancent dans des "drives". Il s'agit de ce nouveau concept pour lequel, entre deux lolcats et un billet de h16, vous passez commande de vos courses sur internet que vous venez ensuite chercher dans un magasin qui, finalement, n'est qu'un entrepôt sans ouverture au public. Et c'est là que réside l'astuce : puisqu'il n'y a pas d'ouverture au public, les normes et règlementations d'installations ne sont plus du tout les mêmes. Il ne s'agit ainsi plus d'une grande surface commerciale, mais bien d'un entrepôt. Les horaires n'y sont plus soumis aux mêmes contraintes.

On le comprend : l'idée marche de mieux en mieux puisqu'elle est très simple à développer côté entrepreneur, et très simple à adopter côté consommateur.

Fatalement, il faut vite vite interdire tout ça (ou, au moins, en fusiller l'attrait) ; en effet, (horreur des horreurs), comme le souligne la député PS de l'Hérault, Fanny Dombre Crétin Coste :

"Ces lieux ne sont pas soumis au passage devant la commission départementale d'aménagement commercial. Il suffit de déposer un permis de construire ou d'aménager un local. Cétabominabl. Cétroporibl. Célafindumond. Il faut réguler !"

mangibougisme, programme nationale d'interdiction du fun

Rendez-vous compte ! Pas de passage devant la commission trucmuche ! Aucun besoin de faire des courbettes à des élus ! Aucune nécessité de lécher des douzaines de chaussures de pontes locales ! C'est intolérable ! Et comme il y a un vide juridique, il faut le combler.

Surtout, mangez des fruits et des légumes

Grâce au travail acharné de ses centaines de petits kapos de la législation, la France a su se faire un trou bien large et bien profond dans lequel elle entend s'enterrer le plus calmement possible. Tout en s'assurant bien sûr que le peuple sera très régulièrement nourri de fruits, de légumes, sans gras, sans sucre, sans sel et sans fun, que sans liberté, la fête est plus molle, le pays, gouverné par une armée de politiciens-bureaucrates terrorisés à l'idée qu'un changement infime pourrait arriver, a collectivement décidé qu'il valait mieux mourir doucement.

Et sans faire de bruit, s'il vous plaît.

La France morte, c'est maintenant

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