Cette étude, publiée dans l’édition du 28 mai du Lancet montre et décrit pour la première fois l’émergence d’une résistance au traitement antiviral Tamiflu chez les personnes infectées par le virus aviaire H7N9. Ces conclusions, publiées dans le Lancet identifient la mutation du virus responsable de cette résistance, décrivent « l’apparente facilité » de cette émergence et n’excluent pas le risque de pandémie.
Détecté en mars dernier, chez les patients atteints de maladies respiratoires dans l’est de la Chine ce nouveau virus aviaire de sous-type A/H7N9 fruit d’un réassortiment effectué à partir d’au moins 4 autres virus, présente, selon les experts, une capacité à devenir plus nocif pour les humains, soit par virulence accrue, soit par capacité de propagation accrue. Depuis son émergence, H7N9 a déjà donné naissance à 2 lignées. Donc, la vigilance s’impose.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont voulu enquêter sur les facteurs virologiques qui pouvaient être associés à un mauvais résultat clinique. Ils ont analysé des prélèvements dans la gorge, les selles, le sérum et les échantillons d’urine de 14 patients chinois, âgés en moyenne de 74 ans, hospitalisés au Centre clinique de santé publique de Shanghai, qui avaient reçu lors de leur admission, moins de 2 jours de traitement antiviral (oseltamivir ou péramivir). Les chercheurs ont quantifié la charge virale et séquencé l’ARN viral à partir de ces prélèvements pour étudier les mutations pouvant être associées à la résistance aux aniviraux et donc à de mauvais résultats de traitement.
Les 14 patients ont développé une pneumonie, nécessitant pour 7 d’entre eux une ventilation mécanique, pour 3 d’entre eux une oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) et 2 patients sont décédés. Si le traitement antiviral a permis une réduction de la charge virale chez 11 patients survivants, le traitement n’a pas évité l’ECMO pour 3 autres patients.
Une mutation associée aux mauvais résultats cliniques: La mutation « Arg292Lys » a pu être identifiée dans le gène de la neuraminidase (NA). Cette mutation est déjà connue pour conférer une résistance à la fois au zanamivir et à l’oseltamivir a été identifiée chez 2 des patients sous ECMO, qui avaient également reçu une corticothérapie. Les chercheurs concluent que cette mutation est associée à l’échec du traitement par antiviraux et à de mauvais résultats cliniques. L’émergence de la résistance aux antiviraux du virus A/H7N9 doit donc être étroitement surveillée et prise en compte dans la préparation d’une réponse en cas de pandémie.
Le traitement par oseltamivir, même débuté 48 h ou plus après l’apparition de la maladie est généralement associé à une réduction de la charge virale dans le tractus respiratoire chez les patients infectés à A/H7N9. Le traitement précoce des cas suspects ou confirmés est donc fortement recommandé. L’émergence d’une mutation « Arg292Lys » de NA s’avère ici associée à un rebond de la charge virale, à l’échec du traitement et un mauvais résultat clinique. Les chercheurs parlent néanmoins de « l’apparente facilité » de l’émergence de cette résistance du virus aux antiviraux et insistent donc sur la nécessité d’une surveillance rapprochée.
A ce jour, le virus a fait 132 cas d’infection humaine et 33 décès, soit un taux de létalité de 27%.
Bien que d’autres virus de la grippe aviaire comme les sous-types H5N1, H9N2, H7N7 et
H7N3 aient déjà infecté l’Homme, leur transmissibilité a toujours été faible. Cependant une étude publiée dans le Chinese Science Bulletin vient de montrer la capacité du virus H7N9 à se lier au « récepteur humain ». Cette transmission nécessite un contact étroit, précise une autre étude publiée dans la revue Science.
Source: The Lancet Association between adverse clinical outcome in human disease caused by novel influenza A H7N9 virus and sustained viral shedding and emergence of antiviral resistance
· Chinese Science Bulletin April 2013 DOI: 10.1007/s11434-013-5873-4 Isolation and characterization of H7N9 viruses from live poultry markets—Implication of the source of current H7N9 infection in humans
·The Lancet online May 1 2013 doi:10.1016/S0140-6736(13)60938-1 Origin and diversity of novel avian influenza A H7N9 viruses causing human infection: phylogenetic, structural, and coalescent analyses
·The Lancet online April 25 2013 Human infections with the emerging avian influenza A H7N9 virus from wet market poultry: clinical analysis and characterisation of viral genome.
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