COQUELUCHE en hausse, la faute aux nouveaux vaccins? – Pediatrics-Science

Publié le 29 mai 2013 par Santelog @santelog

Malgré la vaccination, la coqueluche reste la première cause de décès par infection bactérienne chez le nourrisson de moins de 3 mois et en hausse dans certaines régions de France, où la bactérie continue à circuler (Schéma ci-contre), et dans d’autres pays comme les Etats-Unis et le Canada. Cet article de Science Now repose la question de l’efficacité vaccinale des nouveaux vaccins acellulaires contre la coqueluche, certes plus sûrs, avec moins d’effets secondaires mais moins efficaces à long terme que le vaccin à germes entiers. A l’appui, plusieurs études récentes concordant toutes vers cette efficacité vaccinale limitée dans le temps. En France et dans de nombreux autres pays, un rappel tardif à 11-13 ans est recommandé pour les adolescents et pour les adultes se trouvant dans l’entourage d’un nouveau-né.

Dans la coqueluche les bactéries colonisent les voies aériennes supérieures, provoquant une toux sévère et un essoufflement qui peuvent être mortels chez les bébés. Au cours des 2 dernières décennies, la maladie a marqué une recrudescence en particulier aux Etats-Unis mais également dans nombreux pays européens. Cette étude confirme ce que soupçonnaient les scientifiques, un retour de la maladie causé par l’introduction des nouveaux vaccins, il y a 20 ans, qui n’offrent pas autant de protection à long terme. En France, où la situation épidémiologique n’est cependant pas préoccupante, l’Institut Pasteur confirme que la transmission se fait plus fréquemment d’adolescents-adultes à nouveau-nés. D’où l’instauration d’un rappel plus tardif pour relancer l’immunité (Voir schéma Euvac ci-dessous).

Les nouveaux vaccins pourraient avoir une responsabilité. Jusqu’aux années 1990, les enfants recevaient systématiquement un vaccin à germes entiers, fabriqué à partir de la bactérie de la coqueluche, Bordetella pertussis mais qui provoquaient des effets secondaires importants. Aujourd’hui, ils reçoivent généralement un vaccin acellulaire, c’est-à-dire à base de protéines de coqueluche raffinées et qui sont sans effets secondaires graves.

Aux Etats-Unis, la vaccination contre la coqueluche pour les enfants est recommandée à 2 mois, 4 mois, 6 mois, entre 15 et 18 mois puis à 5 ans et à nouveau à 12 ans. Un rappel est également recommandé pour les adultes, surtout pour les professions impliquant un contact étroit avec des enfants. En France à l’âge de 2 mois, 4 mois et 11 mois avec l’administration du vaccin hexavalent (DTCaPHib-Hépatite B) puis à 6 ans puis entre 11 et 13 ans, puis à 25 ans avec l’administration d’un rappel DTCaP. La primovaccination utilise des vaccins acellulaires combinés aux vaccins DTPolio et Hib (Pentavac®, Infanrix Quinta®) ou aux DTPolio Hib et hépatite B (Infanrix Hexa®). La vaccination contre la coqueluche est également recommandée en France chez les adultes bientôt parents et, à l’occasion d’une grossesse, aux membres de la famille.

Ces scientifiques du Kaiser Permanente en Californie du Nord ont comparé les effets protecteurs des nouveaux vaccins acellulaires vs les anciens lorsqu’ils sont inclus dans un schéma vaccinal à 4 doses et combinés aux vaccins anti-diphtérie-tétanos-coqueluche. Ils concluent, dans la revue Pediatrics, que les enfants qui ont reçu uniquement le vaccin acellulaire présentent 5,6 fois plus de risque de coqueluche que les enfants qui ont reçu l’ancien vaccin.

D’autres études récentes confirment ces conclusions :

·   La même équipe avait déjà présenté des résultats similaires, en 2011, lors de la 51ème l’Interscience Conference on Antimicrobial Agents (ICAAC) organisée par l’American Society for Microbiology.

·   En Août, une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) constate que les enfants vaccinés par le vaccin acellulaire (DCaT) ont 6 fois plus de risque d’avoir la coqueluche que ceux ayant l’ancien vaccin (DTwP) : Voir courbe ci-contre.

·   Une seconde étude, publiée en mars dans la revue Clinical Infectious Diseases montre un risque x 8 avec le vaccin acellulaire.

Le Dr Nicola Klein, pédiatre et auteur principal suggère que le nouveau vaccin fonctionne bien dans le court terme mais il y avait probablement un compromis à trouver avec une suppression plus progressive du vaccin à germes entiers. Un vaccin toujours utilisé dans de nombreux pays à faibles revenus, mais qui ne serait plus accepté dans nos sociétés en raison du risque d’effets secondaires.

La solution évoquée et sur laquelle travaillent les experts, face aux preuves qui s’accumulent sur l’efficacité limitée du vaccin acellulaire, est une nouvelle génération de vaccins qui confère une immunité sur une plus longue durée.

Sources:

Science Now 20 May 2013 Uptick in Whooping Cough Linked to Subpar Vaccines

Pediatrics May 20, 2013 doi: 10.1542/peds.2012-3836 Comparative Effectiveness of Acellular Versus Whole-Cell Pertussis Vaccines in Teenagers

JAMA 2012;308(5):454-456. doi:10.1001/jama.2012.6364 Number and Order of Whole Cell Pertussis Vaccines in Infancy and Disease Protection

Clin Infect Dis. March 13, 2013 doi: 10.1093/cid/cit046 Reduced Risk of Pertussis Among Persons Ever Vaccinated With Whole Cell Pertussis Vaccine Compared to Recipients of Acellular Pertussis Vaccines in a Large US Cohort

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