29 mai 2013
On la surnomma « La reine de l’Art déco », et c’est en effet une des icônes de ces années folles, plus riches en réalisations architecturales que picturales. Et puisque Madame Boutin nous y incite, je me suis plongée à mon tour dans cet abîme de perversité féminine ... avec délectation !
Elle ne produisait pas énormément – environ 150 tableaux durant les dix meilleures années de sa production entre 1925 et 1935, mais vivait de sa peinture et fut très célèbre comme emblématique de cette époque : libre, provocatrice, ouvertement homosexuelle mais mariée deux fois – elle fut comtesse puis baronesse – et mère de deux filles … Elle était d’une beauté troublante et atypique, avec de grands yeux tirant vers le bas et des paupières lourdes comme ses modèles, le regard perdu vers les hauteurs.
Elle naquit dans les dernières années du XIXème siècle, probablement en 1898 et sans doute à Varsovie. Elle émigre avec sa famille après la révolution russe, se marie très jeune, devient élève de Maurice Denis à Paris, montre très tôt son talent puisque sa première exposition personnelle se tient à Milan en 1925.
De ses superbes portraits de nus se dégage une sensualité ambiguë, lourde de sous-entendus, des représentations de femmes par une femme qui éprouve du plaisir de femme. Les chairs opulentes et lisses, les couleurs intenses comme le bleu ou le vert émeraude, ses compositions très structurées, comme si le cadre empêchait l’image de se déployer … une curieuse sensation de mélange de styles, à mi-chemin entre les classiques de la Renaissance italienne et le néo-cubisme.
La Tunique rose, le foulard bleu, le portrait d’Arlette, la belle Rafaëla … Autant de merveilleux témoignages d’un style personnel unique, affirmé et accompli.
Icône de la mode, de la vie mondaine et familière des acteurs et actrices de cinéma d'Holliwood, de la publicité, de l’importance de l’art féminin à une époque encore bien peu encline à l’accepter, Tamara de Lempicka fut aussi éprise de nostalgie. Ses dernières œuvres déçoivent, on ne ressent plus l’extraordinaire vigueur des Années Folles. Il n’empêche que lorsqu’on évoque les années 30, ce sont ses toiles que l’on prend immédiatement en exemple.
Tamara de Lempicka, la reine de l’Art Deco, exposition à la Pinacothèque de Paris jusqu’au 8 septembre, 8 rue Vignon 75008 Paris, tous les jours de 10h 30 à 18h 30, 12€