Les 5 jeunes qui composent le 5 Majeur ne sont plus inconnus et leurs rimes sont désormais parvenues aux oreilles de ceux qui suivent de près la relève du rap français. Les deux bretons de Fixpen Sill, Vidji et Kéroué allient leur talent à Hunam, Heskis et le très « notorious » Nekfeu. Malgré un emploi du temps chargé pour ce dernier et un succès grandissant pour Fixpen Sill, les 5 potes réussissent à nous livrer Variations lundi 27 mai. Les treize titres s’enchaînent de manière très homogène et cela sans surprise, puisque les prods sont signés par des amateurs de boom bap, de samples et de caisse-claire-kick, kick-caisse-claire, tous plus chiadés les uns que les autres.
La double casquette de Vidji, aka Stratega lorsqu’il prend les manettes des productions, lui donne une importance majeure dans la réalisation de l’album pour lequel il signe 5 titres. On notera notamment le très bon Chillance, qui nous amène dans une ambiance de chill new-yorkaise, très urbaine. Comme une sorte de retour direct dans les 90′s, coupe de cheveux carrés, bitchzzzz, et coupe de champagne… Pas sur les plages californiennes mais plutôt sur un toit au coin de la 31ème.
Les jeunes ont décidé de faire le truc à leur sauce et les amateurs de gros featuring ne seront pas rassasiés à l’exception d’un couplet d’Alpha Wann sur le titre Fini d’hiberner porté par une prod de JillBz. Mais au fond, ce n’est pas si grave. Les phases et les techniques se ressemblent, ainsi que l’interprétation, ce qui apporte au projet l’homogénéité dont je parlais plus haut.
On peut le constater dans le très old school morceau Nulle Part, empreint d’une mélancolie partagée et porté par un sample cisaillé par le beatmaker Fef. On notera aussi la performance rythmique et technique de Nekfeu pour son couplet dans Gères tes affaires. En l’écoutant je suis revenu au premier freestyle d’1995, lorsque la scène parisienne les avait déjà adopté mais juste avant qu’il n’envahissent les ondes nationales. Une espèce de (petit) come-back en somme.
Variations est indéniablement un projet propre et longuement travaillé mais le bémol réside dans le manque de prise de risque. Il est certain, qu’au fond, il vaut mieux un projet comme celui-ci, cohérent et sans coulures, qu’un produit trop dispersé. Mais la relève du rap français, dont font partie ces 5 majeurs, ne peut-elle pas aussi inventer et renouveler le genre sans en perdre les bases ?J’estime que cela est possible et que de nombreux artistes montrent la voie tout en restant profondément « hip hop » ou dans le « game », peu importe le vocabulaire que vous utilisez.
A l’heure où la musique est si accessible et où la curiosité peut s’éveiller via un simple écran d’ordinateur, il me semble essentiel de ne pas négliger la créativité, au sens premier du terme.Les 5 Majeur crées des rimes efficaces et ce renouvellement peut largement passé par eux, même si ce n’est pas forcément ce qu’ils veulent, en grands nostalgiques d’une époque qu’il n’ont pas connu et qu’ils aimeraient vivre.
Dans tous les cas on vous conseille fortement de vous procurez ce deuxième opus et on vous annonce officiellement qu’une interview vidéo du groupe (avec shooting photo et tout et tout) sera bientôt en ligne sur Union Street.
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