Bien que vous soyez plus de 110 à vous être abonnés à notre chaîne Dailymotion, certaines des vidéos que nous tournons et produisons “passent à la trappe” du fait de l’absence d’articles écrits sur le site. Bien que souvent, les vidéos se suffisent à elles-mêmes, d’autres méritent quelques explications ou commentaires.
C’est sans aucun doute le cas des vidéos nombreuses tournées à l’occasion de la dernière rencontre cinématographique de Pézenas lors de notre rencontre avec Abdel Hafed Benotman. Durant ce festival, osons le dire, nous avons été particulièrement gâtés. Les entretiens réalisés avec Olivier AZAM, Reza Serkanian, Pascal Mérigeau, Stephane MERCURIO ou encore Makéna DIOP sont là pour le prouver. Mais il est vrai que la découverte de Abdel Hafed Benotman eut pour nous un gout particulier.
Si l’on prend sa fiche wikipédia, on trouve ceci : Abdel Hafed Benotman est né à Paris le 3 septembre 1960. Il est le dernier né d’une famille de quatre enfants, de parents algériens arrivés en France dans les années 1950. Il passe son enfance dans le 6e arrondissement de Paris (Quartier latin). Il quitte l’école à 15 ans et connaît son premier séjour en prison à l’âge de 16 ans au Centre de Jeunes Détenus de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. À sa sortie, il occupe différents petits emplois : livreur-manutentionnaire, chez un fleuriste et dans le prêt-à-porter.
En 1979, à la suite d’un braquage, il passe devant la Cour d’assises. Il est condamné à deux fois sept ans de prison qu’il effectue dans différents centres pénitentiaires, dont la Maison centrale de Clairvaux. Il refuse le travail obligatoire en prison, mais il participe à des ateliers de théâtre. En 1984, il est libéré et s’installe à Troyes. Il y travaille pour la compagnie de théâtre de la Pierre Noire durant deux ans et demi. Il joue des pièces de Anton Tchekhov, Victor Hugo…
Il anime des ateliers de théâtre avec différents publics : enfants psychotiques, personnes âgées, jeunes délinquants, handicapés.
En 1987, il revient à Paris et se lance dans l’écriture pour le théâtre. Il écrit deux pièces : M. Toz et La pension qui seront mises en scène par son frère et jouées à Aix-en-Provence et à Paris.
En 1990, il récidive et est à nouveau condamné à huit ans de prison pour vol. Il se rapproche de l’Extrême gauche. Il se considère comme prisonnier politique et participe aux Luttes anticarcérales.
En 1993, son premier recueil de nouvelles, les Forcenés, est édité alors qu’il est encore en prison.
En 1994, du fait de l’application de la loi Pasqua sur la double peine qui transforme le droit du sol en droit du sang, il est menacé d’expulsion vers l’Algérie. Il s’évade de prison et se cache (il totalisera 18 mois de cavale sur l’ensemble de ses peines de prison). Il vit sans papiers depuis 1996. En 1995, il est repris et condamné à 2 ans et 6 mois supplémentaires pour évasion, puis encore 3 ans de plus. En 1996, il est victime d’un double infarctus en prison et doit être opéré. Il est depuis en insuffisance cardiaque.
À partir des années 2000, François Guérif, éditeur chez Rivages/Noir soutient le travail d’écrivain d’Abdel Hafed Benotman et publie la plupart de ses livres1. C’est au cours de son séjour à la Maison d’arrêt de Fresnes, en 2004, que Jean-Hugues Oppel, auteur de romans policiers aux Editions Rivage et ami depuis 2000 lui rend visite régulièrement et l’encourage à poursuivre son travail d’écriture. Il préface son livre “Les Forcenés”2. En 2005, alors qu’il est toujours incarcéré, Abdel Hafed Benotman épouse Francine. En 2007, il sort de prison et la retrouve. Elle ouvre le restaurant associatif “Diet Ethique” dans le 15ème Arrondissement de Paris. Depuis cette date, il continue d’écrire. Il participe régulièrement à des salons et festivals littéraires. En 2008, il rencontre le juge Éric Halphen, auteur de romans policiers lui aussi, dans le cadre d’un échange littéraire3. Abdel Hafed Benotman est aussi membre du jury pour le Théâtre du Rond Point des Champs Elysées, en lien avec les conservatoires parisiens4. En 2012, il écrit et met en scène un nouvelle pièce de théâtre, “Les Aimants” au Vingtième Théâtre de Paris.
À partir de 1998, il entretient une correspondance avec des prisonnières dont Joëlle Aubron, militante d’Action directe, Idoia López Riaño, militante de l’ETA et Francine qu’il épousera en 2005, quand elle sera dehors et lui de nouveau arrêté. En décembre 1999, il est libéré de la Centrale de Melun.
Jacques Doillon, cinéaste, lui propose un petit rôle dans un de ses films. Il est invité pour des conférences sur l’univers carcéral, dont une en 2000 à l’École nationale de la magistrature. Son recueil de nouvelles, les Forcenés, est réédité.
En 2000, il est intervenant dans l’association « Dire et faire contre le racisme » parrainée par Danielle Mitterrand, ainsi que dans l’association « Ban public ». Il est invité dans des émissions littéraires et anime une émission de radio hebdomadaire, Ras les murs, sur Radio libertaire à Paris. Il est ouvreur au cinéma Le Méliès à Montreuil en Seine-Saint-Denis. Il joue un second rôle dans un épisode de la série télévisée Central Nuit.
En 2001, sur Fréquence Paris Plurielle, il participe à la création de l’émission de radio : L’envolée 5 en référence à Georges Coustel, le premier en France à avoir fait évader ses amis par hélicoptère. Puis un journal du même nom est lancé pour toucher les prisonniers au-delà de la région parisienne. En 2002, il écrit la Politesse des foules pour la compagnie Arcadin. Cette pièce de théâtre est jouée par les habitants des quartiers de Dreux. Une autre de ses pièces, le Numéro sortant, est jouée au Théâtre du Nord-Ouest à Paris pour l’association Ban Public. De 2004 à 2007, il effectue une dernière peine de prison suite à 7 braquages pour un butin de 22 000 euros.
Il est venu de nombreuses fois à Pézenas à l’invitation de son ami Gérald de Murcia (qui intervient d’ailleurs dans ces vidéos en compagnie de Philippe Fontaine), responsable entre autres de Aux livres Citoyens qui organise régulièrement sur Pézenas et ses environs de nombreuses rencontres littéraires . Il a d’ailleurs édité un recueil de poèmes L’œil à clef aux éditions piscénoises Domens, en 2010.
Que vous dire de plus ? les vidéos qui suivent vous permettront pour partie de découvrir Hafed tel qu’il est, tel qu’il vit, tel qu’il pense. Un homme sans fard qui nomme un chat, un chat et ne sombre ni dans la caricature ou l’angélisme. Un type vrai, dont la vie a été un combat, et qui continue à se battre, pas pour se forger une image, devenir un personnage, simplement parce qu’il sait que ce qu’il fait peut être utile.
Et si ces vidéos vous permettront d’entrevoir un peu son univers, ce média est en revanche très castrateur vis-à-vis du style de l’écriture, du grand auteur qu’est Abdel Hafed Benotman. Alors, certes, nous pourrions lire des extraits partiels de ses oeuvres mais je ne suis pas persuadé que cela refléterait bien le type et la profondeur de l’écriture. Parler des mots, faire découvrir des auteurs, donner envie de les lire; là est sans doute notre rôle. Le reste ne dépend que de vous !
Partie 1 :
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Partie 2 :
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Partie 3 :
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Partie 4 :
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Dernière partie avec la Rencontre-débat après la projection du film “Sur la planche” de Leila Kilani, dont il est le co-scénariste. Film qui a été sélectionné à la ‘Quinzaine des réalisateurs’ du festival de Cannes. Entretien conduit par Martine Lassalle.
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