Le Monde publie ce soir une image troublante, celle d'une réunion du Front National dans le midi. On y voit des vieux messieurs et une dame frigorifiée bien sages, les mains croisées devant leur braguette, de braves gens auxquels on donnerait le bon dieu sans confession. Rien à voir avec des nervis au crane rasé. On se demande, d'ailleurs, s'ils apprécieraient leur compagnie. Un peuple de braves gens un peu lourdauds et pleins de bon sens qui s'ennuient dans leur retraite paisible.
Même l'homme au micro, Steve Briois, le secrétaire général du FN a l'air d'un agent d'assurance fêtant l'ouverture d'une nouvelle agence. C'est en voyant des images comme celle-ci que l'on comprend mieux les succès à venir du FN dans le midi mais aussi probablement sa grande faiblesse : il ne fait plus peur et peut espérer de beaux succès électoraux, mais la France qui le soutient est vieillie, rassie, ennuyeuse. Elle n'a en tout cas rien à voir avec la jeunesses et le prolétariat révoltés qui ont fait le succès des fascistes avant-guerre. Plus que de fascisme ou de racisme, il faudrait parler à son propos du conservatisme d'une population vieillissante restée enfermée dans les certitudes d'il y a trente ans quand la France était blanche, le petit commerce florissant et les homosexuels discrets.