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Abandons et l'exemple allemand

Publié le 28 mai 2013 par Micheltabanou

Le projet de loi sur l’encadrement des salaires des patrons du privé est abandonné. C’est l’annonce de Pierre Moscovici. Après la campagne des présidentielles c’est le virage de la raison qui fait oublier que les grands patrons étaient les « ennemis » du PS, ce monde honni de l’argent. La campagne du Medef a réussi à imposer le retrait de la loi sur l’encadrement des salaires des grands patrons, loi promise suite aux scandales des rémunérations hors norme de ces dirigeants du CAC 40 ! Un retrait qui vient après des premières mesures encourageantes lancée en juillet dernier qui limitaient par décret à 450000€ par an les salaires des patrons du public. Ces salaires sont très éloignés de ceux pratiqués dans le privé et le gouvernement marquait une intention d’étendre les dispositions au privé en tentant d’encadrer les dispositifs de rémunération pour les rapprocher d’une certaine moralité ou de justice et de participer à l’effort de rigueur demandé aux français, aux smicards dont l’évolution des salaires est plutôt jugée dangereuse par le Medef… Ce dernier est passé par là et impose à Pierre Moscovici un principe qui lui est cher, celui d’autorégulation, qui comprenez le laiise aux grands patrons le choix selon un code d’éthique maison de ne point s’accorder une licence abusive mais une décence régulée ! Les patrons vont s’autoréguler avec la conscience morale de respecter une certaine retenue. Une certaine retenue au milieu du désordre où s’octroient les stocks option, dividendes, retraites chapeaux…en déni de toute forme de justice, en défi même de cette dernière et des salariés de notre pays dont ils estiment, ces grands patrons, qu’ils sont un coût, ce fameux coût du travail !...

Sincèrement je suis dépité par cet abandon… et de laisser les boss de LVMH, de Publicis, de Renault, de Danone,…de faire ce que bon leur semble, de s’autoréguler en bonne conscience sans avoir à rendre compte. Pierre Moscovici en chef d’orchestre d’une rigueur prend ce soin d’abandonner les intentions de campagne, souhaitables, et accorde tout son crédit d’Etat aux chantres de l’austérité sociale. Mais il suit en toute logique libérale l’hommage rendu par le Président de la République à l’ex-chancelier Gerhard Schröder rétribué généreusement par Poutine au sein du Conseil d’administration de Gazprom et qui initia et mis en place auparavant les fameuses réformes Hartz. Pierre Moscovici chercherait-il à bénéficier des mêmes leviers pour trouver une croissance et cela à la faveur de sacrifices constants exigés aux français ? Car la place de premier de la classe de l’Allemagne ne réside pas seulement par la force productive de ses usines mais bien grâce aux réformes Hartz. Réformes organisant le transfert des ressources et des richesses des citoyens vers les entreprises et un secteur financier. Les réductions salariales qui en découlèrent et les réformes drastiques du marché du travail pour comprimer à l’extrême le coût du travail finirent par installer en Allemagne, ce modèle du social-libéralisme, des salaires bas et non soumis aux droits sociaux. Des réformes qui
privent les chômeurs allemands de tous leurs droits aux allocations chômage.
Ce modèle qui institue qu’après une année entière de chômage le travailleur est en droit de demander une misérable allocation mensuelle de 347 euros par mois, à la seule condition toutefois d’avoir préalablement épuisé son épargne et à la condition expresse que son conjoint soit incapable de subvenir à ses besoins. Sans oublier la cerise sur le gâteau qui se formule par cette obligation imposée d’accepter n’importe quel emploi, indépendamment de ses qualifications et de ses revenus antérieurs ?
Gerhard Schröder le modèle de Pierre Moscovici a ouvert la meilleure voie pour la pauvreté ou la précarité car en raison des dispositions des réformes Hartz les chômeurs sont contraints d’accepter des emplois à salaire bas, à temps partiel, dénués de toute sécurité, de droits à la retraite et autres allocations.


Gerhard Schröder, membre du Cobseil d’administration de Gazprom donc salarié de Poutine a ainsi institué ce fameux dogme allemand du travailleur « low cost » de ces réformes… avec pour effet immédiat que seuls 29 millions d’Allemands (sur près de 42 millions de travailleurs) disposent aujourd’hui d’emplois soumis au régime de la sécurité sociale, pendant que quelque 5,5 millions d’entre eux travaillent à temps partiel, et que plus de 4 millions gagnent moins de 7 euros de l’heure ! Avoir instauré ces bas salaires entraîne une logique salariale vers le moindre coût patronal. Et pour légitimer son action destinée a assurer une compétitivité de ses entreprises le patronat allemand entreprend un faux débat sur la notion de coût du travail en gommant toute référence au coût du capital alors que les revenus nets distribués représentent aujourd’hui 10 % de la valeur ajoutée des sociétés non financières. Autrement dit, la complainte patronale faisant de la baisse du taux de marge la raison profonde des faibles investissements et du moindre effort en matière de recherche et développement ne tient pas la route. Elle passe en effet sous silence la part de plus en plus lourde que les entreprises choisissent de distribuer aux propriétaires de capital, quelle que soit l’intensité de la crise économique et financière.
Voilà pourquoi les droits des salariés subissent une attaque sans précédent et que nous avons à craindre des reculs initiés en France. Nous avons à craindre de cette politique qui comprime les coûts avec pour impératif de toujours plus rémunérer l’actionnariat. Toute cette logique entretient même un discours paradoxal avec chez nous Laurence Parisot qui nous explique que lutter contre des plans de licenciements revient lutter contre l’emploi ! Il faut bien garder en mémoire cette réflexion tenue à voix haute, sans ambages et sans pudeur avec une pédagogie qui est lui est propre : « la vie est précaire, l’amour est précaire, pourquoi le travai ne serait pas précaire ? » De telles déclarations outre leur cynisme consacrent la défaite du politique. En effet, l’une de ses missions devrait être la détermination des règles du jeu économique et la mise sous tutelle du néo-libéralisme qui n’est qu’une manœuvre visant à mettre l’Europe en pilotage automatique d’une concurrence supposée régler toutes les problématiques. Remplacer la culture de l’Etat par l’obsession du chiffre revient à fouler aux pieds l’essence même du travail, pourtant source de toute valeur économique. L’abandon de Pierre Moscovici du projet de loi encadrant les rémunérations des grands patrons entre de plein pied dans ce schéma. Schéma décliné à tous les échelons jusque dans nos collectivités où l’on juge déjà nécessaire la réduction de certains coûts dont évidemment, mis en exergue, celui du personnel…


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