Selon des informations obtenues par Mediapart, le juge arbitre Pierre Estoup, qui a pris une part active dans l’affaire des 403 millions d’euros accordés à Bernard Tapie, est placé en garde à vue depuis lundi matin dans les locaux de la brigade financière, rue du Château des Rentiers, à Paris, sur commission rogatoire. Il pourrait éventuellement être présenté aux trois juges d’instruction parisiens (Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut) saisis du volet non ministériel de l’affaire Tapie-Lagarde en vue d’une possible mise en examen, ce soir ou demain matin, en fonction des résultats de son audition.
L'avocat de Bernard Tapie, Maurice Lantourne, est lui aussi en garde à vue, selon nos informations. Maurice Lantourne, comme Pierre Estoup, avait déjà été perqusitionné par la brigade financière dans cette affaire (lire notre article ici).
Ancien magistrat, Pierre Estoup a notamment été premier président de la cour d'appel de Versailles. Il a déjà été mis en cause dans plusieurs affaires d'arbitrage (lire notre article ici). Ses liens avec Bernard Tapie sont actuellement examinés à la loupe par les enquêteurs.
Instruite depuis 2011 par la Cour de justice de la République (CJR), l'affaire Tapie vaut à Christine Lagarde d'être placée sous le statut de témoin assisté depuis le 24 mai. Stéphane Richard, son ancien directeur de cabinet à Bercy, et actuel patron d'Orange, doit être à nouveau interrogé en tant que témoin le 10 juin prochain par la commission d'instruction de la CJR, selon nos informations. Il avait déjà été interrogé en décembre 2011 par la CJR.
Le volet non ministériel de l'affaire Tapie-Lagarde a fait l'objet d'une longue enquête préliminaire, restée sous le contrôle du procureur de Paris Jean-Claude Marin, avant que son successeur François Molins ouvre une information judiciaire pour « usage abusif des pouvoirs sociaux » et « recel » en septembre 2012.
L'avancée parallèle des deux enquêtes judiciaires pourrait amener Bercy à lancer une procédure pour annuler l'arbitrage controversé rendu en faveur de Bernard Tapie. Ce dernier risque, en outre, des poursuites pour recel.