Le tabac fait en France 200 décès par jour et fait perdre de 10 à 15 années de vie en bonne santé à chaque fumeur. L’étude européenne EPIC conclut ainsi à un taux de mortalité des fumeurs actuels supérieur de 1,5 à 3 fois à celui des non-fumeurs. Les fumeurs excessifs présentent un risque de mortalité global multiplié par 2,44 pour les hommes et par 2,44 pour les femmes, par rapport aux non-fumeurs.
Quelles mesures et progrès possibles pour la France ? Différentes études de ce BEH apportent des preuves de l’efficacité de législations mises en place, de l’optimisation encore possible des résultats et de mesures qui « marchent » et devraient être adoptées.
· L’interdiction de fumer dans les lieux publics, mise enœuvre en 2007 et étendue en 2008 aux lieux de convivialité a permis la réduction du tabagisme à l’intérieur d’endroits clés, un tabagisme qui continue de baisser, comme sur le lieu de travail (de 42,6% en 2007 à 13% en décembre 2012). Le soutien élevé de la population a pris le relais de la Loi et pourra permettre de parvenir à l’élimination quasi-totale du tabagisme dans les lieux publics.
· En revanche, l’interdiction de vente aux mineurs de 2009 reste mal contrôlée et le faible respect actuel de la loi, par les buralistes, la décrédibilise aux yeux des mineurs qui parviennent sans peine à la contourner et se sentent ainsi peu concernés. Les entretiens présentés par l’OFDT montrent que si le prix élevé du paquet de cigarettes est clairement perçu par les jeunes comme un frein majeur, ce n’est pas le cas de l’interdiction de vente aux mineurs. Pourtant, rappellent les auteurs, nombreuses sont les études qui confirment l’efficacité de la mesure, à condition de contrôler son application.
· L’efficacité du paquet neutre, adopté par l’Australie en novembre 2012, a été confirmée par plusieurs recherches. Le paquet neutre améliore l’impact des avertissements sanitaires, évite la désinformation, réduit l’attractivité de la marque et l’influence du packaging sur le comportement. Une mesure qui fait partie plus largement de la stratégie « Avertissements et photos chocs », rappelée maintes fois par l’OMS à laquelle il laisse plus de surface d’expression et donc plus de visibilité et d’impact.
· La prise en charge à 100% des substituts nicotiniques est également démontrée comme efficace et même comme la mesure la plus coût-efficace de prévention des maladies cardiovasculaires.
En France, où l’Assurance maladie propose le remboursement partiel des médicaments de sevrage à hauteur de 50 europar bénéficiaire et par an, l’absence d’effet de cette prise en charge limitée confirme les barrières financières d’accès au sevrage médical. Or une prise en charge à 100% est estimée comme coût-efficace comparée au forfait annuel de 50 euroet à son peu de résultats lorsqu’on prend en compte un scenario type comme celui du Royaume-Uni, 7,3% des fumeurs qui souhaitent arrêter à l’aide de substituts, qui font en moyenne 4 tentatives et cela tous les deux ans.
En décembre 2012, face à ses 700.000 décès précoces annuels, chez ses 28% de résidents fumeurs, la Commission européenne rendait public son projet de nouvelle législation sur les produits du tabac, dont l’entrée en vigueur est prévue pour 2015 ou 2016. 75% du paquet consacré aux avertissements graphiques, réglementation des arômes et autres ingrédients, contrôle des ventes transfrontalières… toute une série de nouvelles mesures qui vont également s’imposer à la France. Un bon point, alors que les pays qui ont mis en œuvre les recommandations de la Convention de
Et puis, au-delà des mesures à prendre, ou qui nous seront imposées par l’Europe, ce numéro spécial du BEH, appelle pour la France, à la veille de la Journée mondiale, à l’action et à la mobilisation politique, à la fin de l’ingérence de l’industrie du tabac et à la redéfinition d’une stratégie fondée sur les preuves scientifiques.
Sources: OMS, InVS BEH 28 mai 2013 / n° 20-21