The Graveyard Book (L’Etrange vie de Nobody Owens) – Neil Gaiman – Vivre et grandir dans un cimetière

Par Cbth @CBTHblog

Nobody Owens n’est pas un garçon comme les autres. Il vit dans un cimetière. Tout ça parce que petit, ses parents et sa grande sœur ont été assassinés. Heureusement pour lui, il marchait vite, et s’est enfuit, échappant ainsi au même sort que celui qui a frappé sa famille. Mais un bébé, ça ne s’élève pas tout seul. Alors, il a été recueilli par un couple de fantômes vivant dans le cimetière qui jouxte sa maison. Pour les aider, Silas, un drôle de monsieur très sombre va les accompagner dans leur lourde tâche d’élever un enfant vivant. Bénéficiant de la « liberté du cimetière » (traduction purement littérale de moi de la notion de « Freedom of the graveyard ») qui lui permet de circuler à sa guise dans celui-ci et même de traverser les tombes, il va grandir entouré de fantômes d’époques différentes dans ce vieux cimetière abandonné et classé monument historique. Evidemment, ça ne se fera pas sans rencontrer quelques aventures et même de grands dangers, parce que celui qui a tué ses parents est toujours dans la nature et pourrait revenir finir son travail. Nobody, malgré le lieu où il a grandi et les personnes qui l’ont élevé reste un garçon comme les autres, bien que très intelligent et cultivé de par les nombreuses personnes qu’il a fréquenté. Ainsi, au début du livre, il parle un anglais ancien et s’adapte pourtant très vite à sa nouvelle langue. Il apprend aussi à lire afin de pouvoir, le jour venu, réintégrer une vie normale.

Ceci n’est pas un prétexte pour mettre une photo de Matt Smith (avec Neil Gaiman)

 Neil Gaiman est un des grands auteurs de sciences fictions contemporains. Jusqu’à présent j’avais seulement lu De Bons présages, co-écrit avec Terry Pratchett, autre référence du genre. J’avais aussi vu les épisodes de Doctor Who écrits par lui (The Doctor’s wife et Nightmare in silver) que j’avais adoré. J’avais aussi apprécié Coraline, film d’Henri Selick adapté de l’un de ses romans jeunesse. Si je connaissais un peu le Monsieur, le cœur de son œuvre m’était inconnu. En ayant refermé The Graveyard book, je n’ai plus eu qu’une seule envie : dévorer tous ses autres livres (et espérer pour un nouveau tome).

Vous pourrez trouver The Graveyard book (je vais rester sur ce titre vu que j’ai lu le livre en anglais) au rayon jeunesse. Pourtant, il serait idiot de le cantonner aux seuls enfants. En tant qu’adulte, j’ai pris un plaisir fou à le lire. Parce que vous pourrez lire entre les lignes, comprendre les références. Il y a beaucoup de choses tues, implicites. Parce qu’il y a aussi beaucoup d’humour et de beauté dans l’écriture (je parle ici de la langue anglaise mais je pense que la traduction a été correctement faite et a conservé les jolis jeux de l’écriture). Et puis parce que vous aussi vous avez été enfants. Alors vous savez (à moins d’avoir oublié, ce qui serait triste). Mais les enfants ne seront pas en reste. Je pense que j’aurais adoré le lire si j’avais eu 8 ans. Tout est fait pour parler aux enfants. L’univers, l’aventure, l’humour, les relations entre les personnages, la notion de famille, d’amis, de différence. Le tout, sans jamais prendre le lecteur pour un idiot, en gardant toujours un niveau d’exigence élevé. Il faut savoir que Neil Gaiman a attendu longtemps après avoir eu l’idée pour écrire ce livre. Il estimait à l’époque qu’il n’écrivait pas assez bien (modèle de patience et de sagesse).

 L’histoire est extrêmement prenante alors même que certains chapitres ne racontent que des tranches de vie, sans trop de danger. Cette alternance de passages angoissants et calmes permet de s’attacher non seulement au personnage de Nobody, mais surtout à ce cimetière. Car au fond, c’est ça l’histoire que nous raconte Neil Gaiman. L’histoire d’un cimetière dont la vie est perturbée par l’arrivée d’un enfant vivant. Enfant, qu’il va falloir protéger, enfant qui va grandir et qui un jour devra le quitter.

L’univers dépeint est terriblement envoutant. Pendant les pauses entre les quelques heures que j’ai consacré au livre, l’ambiance ne m’a pas quittée. Moi aussi, j’errais joyeusement entre les allées de ce vieux cimetière abandonnée, croisant chacun des nombreux personnages. Pourtant, rien de ceci n’était glauque ou triste, loin de là. L’humour du texte, très léger et fin adoucit ce qui aurait pu paraître sombre.

Avec Nobody, le lecteur pourra lui aussi apprendre des choses. L’histoire et bon nombre de chapitres sont porteurs de messages et valeurs sans pour autant être moralisateur. Cela pourra aussi être l’occasion de (re)découvrir le folklore fantastique au regard des différentes créatures qui passent par ce cimetière.

N’hésitez vraiment pas à dévorer ce livre, ou à l’offrir à des enfants (je crois qu’il est recommandé à partir de 9 ans mais j’aurais pu le lire plus jeune, après je ne suis pas forcément une référence vu que j’étais une petite fille un peu bizarre). Mieux, lisez le avec des enfants, je pense vraiment que vous passerez des moments géniaux qui pourront vous faire voyager plus loin encore que le livre.

A noter, il semble qu’une adaptation ciné soit prévue par Henri Selick.

Mélanie