Profitant de mon absence la semaine dernière, ils s’en sont allés pour toujours, Ray Manzarek et le Métèque viennent de quitter la scène. Aucun rapport étroit entre les deux, si ce n’est qu’ils sont musiciens et qu’ils ont leur part dans la bande-son qui m’accompagne mentalement depuis ma jeunesse. Autant dire que ce n’est pas rien pour moi.
Les lunettes sont à Ray Manzarek. Lui, c’est le clavier des Doors qui leur donne ce son si caractéristique, qu’il soit derrière son orgue Vox Continental ou un piano électrique Fender Rhodes. Constitué normalement, deux mains au bout de deux bras donc pas manchot, l’homme économisait au
groupe la paye d’un bassiste, puisque c’est lui qui jouait les lignes de basse de la main gauche sur son clavier, quand les Doors se produisaient sur scène. Leur premier disque datait de 1967 et le groupe ne commit que six albums studio avant le décès de Jim Morrison leur chanteur charismatique en 1970 mais la quantité ne faisant pas la qualité, dois-je répéter que ce fut une grande époque ? Ray et Jim à nouveau réunis là-haut vont pouvoir se remettre à composer ensemble, prenez votre temps les gars, je ne suis pas pressé de vous rejoindre mais quand ce sera l’heure, accueillez-moi en musique !La barbe, c’est celle de Georges Moustaki. L’auteur-compositeur interprète n’a rien à voir avec le groupe de rock américain, mais en 1969 il explose avec son Métèque, impossible d’allumer la radio alors, sans l’entendre susurrer sa complainte, « Avec ma gueule de métèque, de juif errant de pâtre grec … », du coup elle s’est gravée dans mon subconscient comme 1515 Marignan ou quatre fois quatre égale seize. Pourtant
ce n’est pas cette chanson que je lui préfère, mais Sarah une de ses compositions dont Serge Reggiani avait donné une version sublime. Si le titre ne vous dit rien, les premiers vers vont vous la remémorer « La femme qui est dans mon lit, n’a plus vingt ans depuis longtemps… » Je n’avais pas vingt ans, elle m’émouvait beaucoup, j’en ai plus de soixante aujourd’hui, elle me touche encore plus.