Musée Magritte, à Bruxelles
Publié le 28 mai 2013 par Onarretetout
J’ai découvert Magritte dans le Musée de Bruxelles. J’ai découvert l’homme engagé, signataire de manifestes, plus soucieux d’explorer le mystère du monde qu’y ajouter de la peinture. Et pourtant il a peint énormément. C’est qu’il voulait toucher le réel, c’était cela son engagement surréaliste. Quand il travaille la relation des mots et des images, il interroge directement l’idée, et ce n’est pas l’idée qu’il veut montrer, il ne montre que ce que les yeux peuvent voir. Cette relation entre les mots et les images produit un effet humoristique que renforce le jeu des titres (dont j’apprends au cours de cette visite qu’il était souvent le fait de Scuténaire, ami fidèle de Magritte). On a beau savoir qu’il y avait une part de hasard, les titres nous amènent à nous interroger sur le réel. Et Magritte ouvre le ciel, il ne cesse de l’ouvrir, écartant les rideaux du théâtre du monde, attirant les nuages jusqu’aux toiles elles-mêmes, piégeant la nuit dans le jour, habillant de bleu une poitrine de femme. Dans les murs du musée sont gravées des paroles de René Magritte. J’y relève en particulier celles-ci : « Je déteste mon passé et celui des autres. Je déteste la résignation, la patience, l’héroïsme professionnel et tous les beaux sentiments obligatoires. Je déteste aussi les arts décoratifs, le folklore, la publicité, la voix des speakers, l’aérodynamisme, les boy-scouts, l’odeur du naphte, l’actualité et les gens saouls. J’aime l’humour subversif, les taches de rousseur, les genoux, les longs cheveux de femme, le rire des jeunes enfants en liberté, une jeune fille courant dans la rue. Je souhaite l’amour vivant, l’impossible et le chimérique. Je redoute de connaître exactement mes limites. »