Plus généralement, au Venezuela, le taux de pénurie calculé par la banque
centrale tourne autour de 20% mais atteint parfois jusqu'à 50% pour des denrées
à la base de l'alimentation vénézuélienne comme l'huile, le sucre et la farine
de maïs précuit. Au-delà de son coté tout à fait anecdotique cette
l'information est très instructive.
Comment un pays, 1er producteur pétrolier du continent Sud-américain, qui
est assis sur les 1ères réserves mondiales de brut, les 5èmes réserves de gaz
et qui possède de vastes ressources minières (or, bauxite, fer, nickel,
charbon…), hydrauliques et agricoles, a t-il pu en arriver là !
On peut évoquer plusieurs causes dont Hugo Chavez cher à Jean-Luc Mélenchon
et au Front de Gauche porte une large responsabilité.
Tout d'abord il faut dire que le phénomène est malheureusement assez
classique dans les pays qui bénéficient d'une ressource naturelles facile et
peu couteuse à exploiter appelé le syndrome de la maladie hollandaise. En
résumé et même s'il peut prendre plusieurs formes, il se caractérise par une
hausse des produits ou des services non exportables et une désindustrialisation
du pays.
De ce point de vue, le Venezuela est en plein dedans. L'inflation déjà
élevée est en phase d'accélération et, selon les projections les plus
optimistes, elle pourrait atteindre 33%. Quand à la désindustrialisation elle
est réelle et le Venezuela importe l'essentiel de ce qu'il consomme même
l'essence ! En effet, comme le Venezuela n'a pas développé ses
installations de raffinage il se retrouve obligé d'exporter son pétrole pour le
faire raffiner à l'extérieur et notamment, comble de l'ironie, vers les
Etats-Unis.
Mais les causes de cette calamiteuse situation sont surtout idéologiques et
révélatrices des limites d'une politique socialiste pure et dure telle qu'elle
a été pratiquée par Chavez avec ses deux volets nationalisations et
redistribution massive. Les nationalisations ont eu pour effet de désorganiser
complètement les entreprises concernées et en premier chef la compagnie
pétrolière nationale, la PDVSA, avec pertes des compétences,
sous-investissement chronique, sureffectifs et gestion calamiteuse. Résultat,
les infrastructures pétrolières sont en très mauvais état et la production de
brut n’a cessé de baisser depuis 2000.
Et bien évidemment, ce contexte ne favorise ni le développement du secteur
privé ni les investissements en provenance de l'étranger.
Les redistributions, outre qu'elles répondent à une logique clientéliste,
coutent évidemment très cher à un secteur public dont le déficit représente 15%
du PIB. Même l'essence est redistribuée quasiment gratuitement alors qu'elle
est achetée pour l'essentiel aux Etats-Unis.
Par ailleurs, l'argent distribué à la population n'est utilisé ni pour
investir dans l'industrie pétrolière (d'ou le raffinage à l'étranger) ni dans
d'autres industries de diversification. Conséquence logique, le pétrole
représente plus de 94 % des exportations et la moitié du budget de l’État. A
contrario, le Venezuela importe l'essentiel de ses biens de
consommation.
Si on ajoute à cela le blocage des prix produits de première nécessité qui
n'incite pas vraiment à leur production, on comprend très bien la situation de
pénurie que connait le Venezuela sur un grand nombre de produits de
consommation.
Alors certes, grâce à l'argent du pétrole, la pauvreté a significativement
reculée et à le taux d'inégalité est le plus faible d’Amérique latine, mais
cela uniquement parce que la moitié de la population est fonctionnaire et que
l'autre est subventionnée. Bien évidemment, le modèle n'est pas pérenne, la
situation n'est pas durable, le pays se retrouve dans une situation intenable
qui va finir par rapidement exploser.
Sans généraliser la situation du Venezuela, il est intéressant de constater
à quoi mène un modèle politique qui s'appuie sur un Etat omnipotent et sur la
négation des mécanismes économiques de base. Redistribuer plus
« équitablement » la richesse est louable sauf quand au final cela
mène à un appauvrissement général.
Pas brillant le modèle de Mélenchon !