« J’ai toujours eu en
écrivant la certitude, charnelle, d’une force qui vient du plus intime de
nous-même, qui nous projette vers ce que nous devrions nous interdire de nommer :
le travail n’est à ce point opiniâtre que pour permettre au langage de ne pas
la tromper, de s’accomplir en l’épanouissant. Je ne m’explique pas autrement le
paradoxe du poème, de son chant comme de son silence : il tient et à la
fois ne tient pas à ses mots… Un poème lorsqu’il s’achève élargit comme il
recueille, nous n’avons pas fini et nous pesons moins. Si nous n’éprouvons que
la sensation du ressac, de la chute, c’est que nous ne l’avons pas mené là où
nous retrouvons le monde et les autres, la terre des souffrances et des joies,
dans la ferveur accrue, la ferveur qui est le seul sacré. »
Pierre Dhainaut, La Parole qui vient en
nos paroles, Ed. L’herbe qui tremble, 2013, dans « Entretien avec Patricia Castex
Menier », p.62-63.
[choix de Sylvie Fabre G.]