The voice

Publié le 27 mai 2013 par Hongkongfoufou

 Par Oddjob

Trouver l’inspiration passe parfois par des chemins (bien) détournés.

Ainsi, l’autre jour, à la faveur d’une séance de (re)visionnage d’un bon vieux classique des 70s, De la part des copains (Cold sweat), il a suffi du générique pour me mettre en émoi. Pour me dire que je tenais encore là un sujet digne de votre "furyeux" magazine préféré.

Tenez plutôt…

A la réalisation, on retrouve le vétéran Terence Young, quatre ans après son dernier Bond, Thunderball, et un an avant son western (par trop sous-estimé), Soleil Rouge.

Côté scénario, Albert Grisbi Simonin est venu préter main forte à Shimon Wincelberg (scénariste notamment sur Star Trek, Police woman ou Mannix), dans l’adaptation du polar de Richard Matheson publié chez nous à la Série Noire.

La composition du score est confiée à Michel Magne.

Et du beau monde va défiler devant la caméra : Charles Bronson, James Mason, Liv Ulman, Jill Ireland, Michel Constantin… et Jean Topart.

Quoi ? Jean Topart ? L’Elève Moinet sourit déjà malicieusement, se demandant comment je peux laisser sur le carreau ce brave Michel Constantin.

Eh bien oui, le grand, l’immense Jean Topart ! Et dans ce film, il excelle de machiavélisme et de félonie dans le rôle de Katanga, MAT 49 au poing. Mais après une course poursuite entre motards et Opel Commodore et une chasse à l’homme avec incendie de garrigue, il finira cramoisi dans les eaux de la Méditerranée…

 

Mais si la silhouette inquiétante, le visage de traître parfait et le jeu tout en perversité contenue de Topart font merveille dans nombre de films – Le Soleil des voyous de Delannoy, Coplan sauve sa peau de Boisset – et de feuilletons – Rocambole et Gaspard des montagnes, tous deux signés de Jean-Pierre Decourt en 1964 et 1965 – d’excellente facture et fort dignes d’intérêt, il faut bien reconnaître que ce sera sa voix qui continuera à nous hanter.

En effet, il possède une voxographie des plus riches et envoutantes.

Qu’aurait été Belphégor sans sa narration inquiétante et ténébreuse ? Et si l’on rappela longuement, lors de sa disparition en décembre 2012, son "rôle" de récitant dans Les merveilleuses cités d’or, il ne faut pas oublier sa présence en 1970, sur le même registre, dans l’adaptation "en voix" d’une aventure de Bob Morane : Le brouillard doré ! (avec en prime une magnifique pochette dessinée par Vance très… "druillesque")

Et que dire de ses talents de doubleur, qu’il met au service des meilleurs films de genre et qui nous font oublier nos exigences en matière de version originale ?

Il sera la voix d’Eddie Byrne dans Island of terror de Terence Fisher, celle de John Houseman dans le Rollerball de Jewison. Par trois fois, il doublera Freddie Jones : Juggernaut (Terreur sur le Britannic) de Richard Lester, Elephant Man de Lynch et Young Sherlock Holmes de Levinson.

Mais surtout, la "magie" du doublage nous permettra de frémir d’effroi à la vue du terrifiant Christopher Lee déclamant avec la voix de Jean Topart. Tout d’abord en 1970 dans Scars of Dracula, une production de la Hammer réalisée par Roy Ward Baker. Puis trente plus tard, dans l’hommage de Burton à ces fameux studios britanniques, Sleepy Hollow !

Imaginez : Dracula/Lee/Topart "baissa sa tête vers son sein et commença à laper le sang avec une avidité nauséeuse à contempler" (extrait de la novellisation anglaise des Cicatrices de Dracula).

Cerise sur le gâteau, en 1958, il sera la voix du Capitaine Francis Blake himself (Yves Brainville assurant celle de Mortimer) dans l’adaptation radiophonique de la Marque Jaune et du Mystère de la grande pyramide.

Jean Topart aura été l’un des artisans du fameux doublage à la française aux côtés des voix "célèbres" que sont Raymond Loyer, Jacques Thébault ou encore Jean-Claude Balard. Gloire lui soit rendue !