En gros, nous autres occidentaux, aurions perdu l’équivalent de 14 points de Q.I. en un peu plus d’un siècle.
Le Dr Jan te Nijenhuis, professeur de psychologie à l’Université d’Amsterdam est parti de l’hypothèse que le temps de réaction est fortement corrélé avec l’intelligence générale et peut être considéré comme une mesure significative des capacités cognitives. Son équipe a donc effectué une méta-analyse de 14 études menées de 1884 et 2004 dans des pays occidentaux. Chaque étude avait évalué le temps de réaction de ses participants à partir d’un stimulus visuel, avec un dispositif particulier, le chronoscope de Hipp, permettant de mesurer le temps avec une précision de 1/1000è de seconde.
Sur la base des données recueillies, les chercheurs ont estimé la véritable corrélation entre le temps de réaction simple et le niveau d’intelligence. Ils constatent qu’à la fin du 19e siècle, les temps de réaction visuelle se situaient autour de 194 millisecondes et, en 2004, autour de 275 millisecondes. Ils aboutissent ainsi à une baisse de 1,23 point de Q.I. par décennie soit 14 points de Q.I. en un peu plus d’un siècle. Ils concluent ainsi qu’au 19ème siècle, le niveau d’intelligence était bien plus élevé qu’aujourd’hui et expliquent cette baisse par le phénomène de fécondité dysgénique.
L’idée de fécondité dysgénique : Une proportion plus importante de femmes éduquées et intelligentes vont choisir de ne pas avoir d’enfant ou peu d’enfants, afin de favoriser leur carrière professionnelle et préserver un mode de vie le plus aisé possible. Les femmes à moindre niveau d’études et d’intelligence vont mettre au monde un plus grand nombre d’enfants, eux-mêmes en moyenne moins dotés etc…Les progrès médicaux et sociaux vont donc favoriser ce profil de reproduction. Si ce concept est certainement discutable, plusieurs études ont défendu cette association négative entre Q.I. et fertilité.
Ce résultat a été contredit par plusieurs études et l’augmentation du Q.I. durant ces derniers siècles porte même un nom, celui de l’effet Flynn, reconnu par l’American Psychological Association. Le chercheur démontre qu’alors que les tests de Q.I. sont régulièrement réactualisés, en comparant les scores des mêmes sujets sur deux versions consécutives que le Q.I. moyen augmente au fil du temps (et de 3 points par exemple sur le test WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children), dans tous les pays industrialisés modernes et de manière continue depuis les années 1930. Il attribue cette progression à des facteurs environnementaux (progrès médicaux, accès élargi à l’éducation et à l’information, meilleure pédagogie, qualité de l’alimentation…).
Que conclure alors ?Y-a-t-il seulement une mesure fiable de l’intelligence ? Alors que certaines études marquent la difficulté de consolider en un chiffre unique les multiples capacités cognitives qui la composent, comme la mémoire de court terme, le raisonnement et la capacité d’expression, il paraît hasardeux de tirer de telles conclusions à partir d’un temps de réaction visuelle.
Source: Intelligence 7 May 2013 Were the Victorians cleverer than us? The decline in general intelligence estimated from a meta-analysis of the slowing of simple reaction time(Visuel@ © freshidea – Fotolia.com)