Quelques années maintenant que la saison du Studio Théâtre se conclut en chansons. Après les savoureux cabarets orchestrés par Philippe Meyer, en voici un concocté par Serge Bagdassarian autour de l'oeuvre du génialissime Boris Vian. Une heure et quart à cent à l'heure qui swingue, qui jazz merveilleusement, nous réjouit et nous émeut, pleine de vie, emmenée par huit comédiens aux performances vocales irréprochables et cinq musiciens qui "envoient le bois" (comme on dit chez nous...). La salle se lève. Un bonheur absolu.
Revêtant smokings et robes de soirée, en solo, duo, trio ou en groupe, cette petite bande enchaîne et revisite donc avec alacrité, créativité et folie douce (parfois furieuse) les tubes du poète disparu en 1959. Chaque morceau se voit sobrement et soigneusement habillé, incarné, scénarisé, légèrement accessoirisé.
Le rideau s'ouvre sur un "Rock and Roll Mops" endiablé, entonné par un Jérémy Lopez déchaîné (quel organe !), se poursuit par un joli "T'es à peindre" (Bagdassarian), un exceptionnel et irrésistible "Mozart avec Nous" dans lequel la merveilleuse Véronique Vella campe une castafiore possédée, envoûtée par un cha-cha-cha. Impayable performance d'actrice (et de chanteuse) dont on se souviendra longtemps. Citons aussi une surprenante et langoureuse "Complainte du Progrès" par Elsa Lepoivre et Stéphane Varupenne (qui nous bouleverse par ailleurs avec "Je Bois" et nous amuse avec "J'Suis Snob" aux côtés de la parfaite Florence Viala), ou encore la toujours efficace "Paire de Claques dans la Gueule" donnée par Cécile Brune, ou "Fais-moi mal Johnny", par la touchante Françoise Gillard...
Arrêtons-là l'énumération. Rien à jeter dans ce spectacle dont la modestie n'a d'égale que la perfection et qui n'a qu'un défaut, celui d'avoir affiché complet avant même le début des représentations.
Sans doute une poignée de billets à saisir sur place, 30 minutes avant les trois coups.
Tentez votre chance, vous ne le regretterez pas.
Jusqu'au 30 juin.
Photos : Christophe Raynaud de Lage