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critiques bien sévères

Publié le 26 mai 2013 par Triton95

Pourquoi les critiques ont-elles assassiné "Hannah Arendt" de Margaret von Trotta ? en quoi ce film était-il plus académique que tout ce qui sort ? Le film restitue une tension dans la pensée d’une philosophe, entre ce qu’on lui demande de penser et ce qu’elle décrypte du monde réel. D’ailleurs, les images d’Eichmann me crèvent aussi les yeux : on croirait entendre un fonctionnaire, qui ne parlerait que la langue administrative, et se préoccuperait uniquement de ces questions administratives, dans une histoire lourde et tragique. Le contraste est encore saisissant, même avec le recul. Elle a théorisé cet écart entre la banalité jargonnante et le mal, et ce compte rendu du procès est son meilleur livre, car j’ai beaucoup de mal à rentrer dans sa pensée, qui, à l’instar de ce que dit l’un des protagonistes du film, me semble également bien théorique. Le film montrer les contradictions du personnage principal, amante d’un philosophe nazi, qui "n’était pas bon en politique" (il ressemble à Eichman, son langage est philosophique au lieu d’être administratif) et vivant encore dans une langue allemande, "un stradivarius", dont elle a été chassée pour aller vers un paradis américain, dont elle ne parvient pas à s’approprier la langue, et a été des années en suspens comme apatride.

Le cinéma européen produit peu de films de ce calibre en fait, et a presque disparu. J’ai l’impression que la production n’a pas assez assuré l’après-vente et le soin aux critiques pour en recueillir de meilleures, un erreur de marketing peut-être. En
tout cas, cela me prouve qu’il faut aller au cinéma, en se plantant parfois, et ne pas écouter les plumitifs. La salle, sans être pleine, cela n’arrive que très rarement ici, comprenait au moins une vingtaine de personnes, ce qui est déjà intéressant.

Le sujet principal du film est en fait la controverse, ce que dit Arendt des judenrat, la participation des juifs à leur propre destruction, car ce qui existait d’organisation a été retourné contre eux. Aujourd’hui, Claude Lanzmann le conteste, et son film sera sans doute bientôt visible. Il m’est bien difficile de me former une opinion sur cette controverse historique, peut-être le film apportera-t-il quelque chose, mais que le passé est difficile à lire.

Ce film allemand a peut-être quelque chose des justifications de la"guerre civile européenne", cette volonté de rendre la passé moins manichéen, et de pouvoir l’aborder. Il est si rare d’entendre parler l’allemand au cinéma, et c’est presque une ouverture par rapport à l’invasion de l’anglais partout, jusque dans nos facs.



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