Le gouvernement belge veut empêcher les entreprises d'augmenter leurs salariés pour améliorer la compétitivité du pays. Et s'il commençait plutôt par baisser la fiscalité délirante du travail ?
Une tribune de Patrick Smets, du Parti Libertarien belge.
Elio Di Rupo, Premier ministre belge
Imaginez que vous êtes un gentil patron (oui, ça arrive) et que vous souhaitez récompenser votre personnel méritant pour avoir contribué aux bons résultats de l’entreprise. Eh bien, vous ne le pourrez plus, du moins pas autant que vous le souhaitez. En effet, le gouvernement Di Rupo ayant déjà décrété un blocage des salaires pour 2013-2014 planche maintenant sur un projet de loi durcissant la loi de 1996 relative à « la promotion de l’emploi et à la sauvegarde de la compétitivité » (dans sa novlangue) prévoyant désormais une marge maximale pour l’évolution du coût salarial qui sera fixé par année. Cette marge sera déterminée sur la base de l’évolution salariale des deux années écoulées dans trois pays de référence (Pays-Bas, Allemagne et France), ainsi que sur les prévisions d’évolution pour les deux années à venir. Des amendes allant de 100 à 1 000 euros par travailleur concerné seront prévues en cas de dépassement. À l’inverse, l’employeur qui n’augmente pas ses employés se verra octroyer un bonus.
Si vous avez compris que le gouvernement vient de décider que vous, en tant que salarié, ne pourrez pas être augmenté et qu’il s’oppose donc à ce que vous gagniez bien votre vie, vous avez malheureusement bien compris.
Comment en arrive-t-on là ?
L’argument est qu’on souhaite maintenir la compétitivité du marché du travail belge par rapport aux économies étrangères dans un monde globalisé. Le gouvernement veut s’assurer que les salaires n’augmentent pas plus vite chez nous que chez nos voisins. Ainsi espère-t-il maintenir ou augmenter la compétitivité du marché du travail belge.
La réalité, c’est que les salaires voient leur part de réel s’amenuiser sous l’effet de l’étau qui se resserre avec d’un côté l’inflation et de l’autre la fiscalité sur le travail. Ne soyons pas dupes. Les gouvernants se targuent de protéger le pouvoir d’achat via le salaire minimum légal pour maintenir en apparence les salaires nominaux élevés mais profitent de l’inflation – que l’index suit très mal, de par la complexité de tels calculs macro-économiques – pour raboter les salaires réels. Un double discours que même les factions d’extrême-gauche ont compris.
Mais revenons à nos salariés, monsieur et madame tout-le-monde qui se lèvent tous les matins pour gagner leur vie. Qu’est-ce que le salaire ? C’est le prix que l’employeur consent à payer à son bénéficiaire, le salarié, en échange d’une quantité et d'une qualité de travail prédéfinies. Comme tout prix, il doit être fixé par la loi de l’offre et de la demande en fonction de sa rareté, de son utilité et des perspectives bénéficiaires de l’entreprise concernée. Cela doit rester avant tout le fruit d’un accord entre parties privées sur base volontaire. Se voir confisquer ce droit à la négociation de manière arbitraire par des organisations patronales et syndicales s’entre-déchirant pour au final saisir le législateur n’est pas le reflet de la coopération sociale entre les individus qui a valu à l’Occident un essor économique sans précédent sur les 200 dernières années.
Il est bon néanmoins de conserver le principe que tout salarié et tout employeur peuvent choisir de se faire représenter ou conseiller par une tierce partie comme un avocat, un syndicat, une organisation ou un groupe d’intérêts dans la négociation, mais cela doit rester sous l’empire du libre-échange et de la coopération volontaire. Une telle représentation ne peut se concevoir que si les principaux protagonistes, à savoir l’employeur et l’employé, en ont fait expressément la demande. On est loin du compte actuellement. Nous nous retrouvons face aux dirigeants du gouvernement qui décrètent les niveaux des salaires par rapport à ceux dans 3 pays de référence sur lesquels nous n’avons aucune influence et aucun moyen de remédier aux politiques salariales contre-productive. Un tel acte coercitif empêche toute adaptation harmonieuse aux phases du cycle économique avec pour conséquence un chômage structurel lorsque les niveaux sont trop hauts par rapport à ce que le marché est prêt à payer et une démoralisation des salariés lorsque les niveaux sont trop bas. Comment est-il concevable que des gens qui pour la plupart n’ont jamais travaillé dans une entreprise privée puissent déterminer avec certitude les niveaux salariaux pour chaque industrie et chaque secteur ? Il y a là une violation flagrante des libertés individuelles. Une de plus menant à la collectivisation de la société et à la révolte sociale en fin de compte.
La solution oubliée
Augmenter la compétitivité de la Belgique est souhaitable, évidemment. Mais pas au prix du pouvoir d’achat des employés et de la liberté des dirigeants de récompenser leurs employés.
Il y avait pourtant une solution tellement plus simple. Diminuer les charges pesant sur le travail, tant pour l’employeur que pour le salarié. Tout le monde se retrouvait gagnant. L’employé, évidemment, parce qu’en souffrant d’une imposition sur le travail plus légère, il voit son salaire réel augmenter. L’employeur, parce qu’à travers la baisse des charges patronales, ses coûts baissent. Ce qui, soit dit au passage, rend mécaniquement l’employé plus rentable aux yeux de l’employeur, et protège donc son emploi, voire incite l’employeur à embaucher.
Au niveau international, le gain de compétitivité est immédiat et réel. Là où la solution retenue par le gouvernement, si tant est qu’elle ait des effets réels, ne les sort qu’après plusieurs cycles de réévaluation salariale bloqués par la loi.
Pourquoi cette piste n’a-t-elle pas été suivie alors ? Elle comporte pour le gouvernement un inconvénient évident. Elle risque peut-être de faire rentrer moins d’argent dans les caisses de l’État. Prendre le risque que les employés gagnent moins d’argent est manifestement beaucoup plus acceptable pour le gouvernement que de prendre le risque que l’État en gagne moins. Beau sens des priorités.
Conclusion
Nous vivons un moment historique et à vrai dire absurde. Se rendant compte que la Belgique n’est plus compétitive face à ses voisins, le gouvernement préfère attenter à la liberté des employeurs de mieux rémunérer leurs employés, s’assurant par la même que ceux-ci ne gagneront pas plus qu’aujourd’hui en termes nominaux (et probablement moins en termes réels), que de baisser la fiscalité sur le travail – pourtant une des plus élevées du monde – ce qui aurait un effet positif beaucoup plus grand.
Le gouvernement préfère que vous perdiez de l’argent plutôt que de renoncer au sien – qui n’est jamais que le vôtre qu’il vous prélève. L’austérité pour vous, oui, pour lui, non.
Le Parti Libertarien s’oppose de toutes ses forces à de telles méthodes et raisonnements. N’hésitez pas à nous rejoindre si vous aussi vous estimez que vous n’avez pas à payer envers et contre tout les erreurs du gouvernement.