Décidément, Cylia Vabre est maudite. A Budapest, lors de l’Euro 2006, elle avait nagé le sixième temps des séries, mais avait été écartée de la finale car elle était troisième Française. Elle a échoué hier sur la route de Pékin en faisant encore troisième Française du 400 quatre nages, sa meilleure spécialité. A l’arrivée d’une finale ébouriffante, deux championnes de France déboulaient en Chine et déboulonnaient de près de deux secondes le record national de Laure Manaudou. Le scénario idéal pour tout le monde, sauf... «On est tout à la joie de la réussite de Camille et Joanne. Mais on a une pensée aussi pour Cylia» dit Richard Martinez. L’entraîneur national a encore admiré le sens du combat de la Lyonnaise, dans une course que Camille Muffat avait lancée sur des bases ultra-rapides. «On sait que Cylia est une compétitrice, elle l’a montré en venant se mêler à la bagarre. Elle a tout fait pour aller à Pékin». Mais à l’arrivée, 48 centièmes la privent de son rêve olympique, et tandis que Andraca expliquait à Muffat qu’elle n’avait pas vu tout de suite qu’elles étaient ex-aequo, Cylia ne pouvait retenir ses larmes de bronze. Cette médaille pèse lourd. D’ailleurs, Cylia arrivera pour le coup loin derrière ses deux devancières au protocole du podium: elle n’avait pas encore le temps d’évacuer tous ses pleurs. Joanne aura ce mot pour elle: «on a gagné à trois. Il ne faut pas oublier Cylia qui a fait une course extraordinaire» La Lyonnaise mesure ce matin ce qui la sépare des JO: sa performance, 1’’25 plus rapide que le record de Manaudou vaut 1397 points, quatre (!) de moins que celle d’Andraca et Muffat, qui ont signé là la onzième performance européenne de tous les temps. Cylia Vabre est donc quatorzième performeuse européenne de tous les temps, et ça lui fait une belle jambe.
Ph.P. pour le progrès