Alo aux Berlinois(e)s
Pensée pour toutes les victimes de la seconde guerre mondiale
Guten Tag aux zotres
Je regarde sur le chaîne ZDF un reportage sur le printemps 1945. A l'écran, des soldats allemands faits prisonniers par l'armée US sourient à la caméra. Pour eux l'enfer est fini et ils y ont survécu. Un peu plus tard, même chose dans une colonne de civil(e)s évacué(e)s de Hambourg. Certains regards sont hagards, d'autres visiblement soulagés.
Face à cette vision côté allemand de la fin de la seconde guerre mondiale mon regard et mon esprit de française toujours fascinée par la 2e guerre mondiale sont d'autant plus à l'affut que je suis à Berlin, ville que je découvre enfin et où les moments les plus tragiques de l'histoire du 20e siècle se lisent à chaque coin de rue ou presque.
Et puis, quelques minutes plus tard, le reportage montre des images de la libération des camps nazis et c'est une autre histoire qui, soudainement, glace le sang et les sens et relativise considérablement la dimension tragique de la bataille de Berlin. Même si je sais très objectivement qu'il est absurde de hiérarchiser voire d'opposer les souffrances, je sens subjectivement qu'elles ne sont ni de même nature, ni de même ampleur. Dans le reportage, est cité quelqu'un dont j'ai oublié le nom qui a dit en substance qu'il était dans l'ordre des choses que la guerre fasse des morts mais que rien ne justifie et ne prépare à la vision des morts vivants dans les camps.
Sur l'ordre de l'armée de Patton un millier d'habitant(e)s de Weimar ont ordre de se rassembler (près de la gare si j'ai bien compris le commentaire allemand) et après une marche de 10 km où on voit certain(e)s d'entre eux saluer la caméra, pas vraiment (ou pas du tout ?) conscient(e)s de ce qui les attend, ils arrivent dans ce qui reste de Buchenwald, confronté(e)s à l'horreur absolue des camps.
Comment ces allemand(e)s "bien nourri(e)s et bien habillé(e)s" (ce qui semble être une circonstance aggravante de plus aux yeux stupéfaits des américains) pouvaient-ils/elles ne pas savoir ? Voilà une question qui, d'après ce que je sais de cette histoire là, n'a pas encore trouvé de réponse.
Alors bien sûr, j'irai visiter le magnifique Reichstag (en ruines sur la 2e photo) reconstruit pour la plus grande fierté des berlinois(es) et je monterai dans son dôme de verre et d'acier pour admirer le bâtiment et la vue, bien sûr je prendrai plaisir à profiter de chaque moment dans cette ville captivante et dynamique où chaque pierre raconte un morceau d'histoire contemporaine.
Mais je ne me ferai pas prendre en photo avec ces jeunes déguisés avec des uniformes de soldats et brandissant des drapeaux russes ou américains qui, contre 1 ou 2 euros se font prendre en photo avec les touristes devant la porte de Brandebourg. Je trouve même que c'est une vision dérangeante. Comprennent-ils la gravité de leur propre histoire ?