Les bureaux open-space font des salariés moins efficaces, moins heureux, et plus susceptibles de tomber malades car exposés à plus de germes et plus stressés… C’est le Mail on line qui remet ainsi en question, sur le plan sanitaire comme sur celui de la productivité, l’intérêt global de cet aménagement du lieu de travail tant pour le travailleur que pour l’entreprise. A l’appui, une étude publiée dans le Scandinavian Journal of Work, Environment and Health qui conclut, entre autres qu’un bureau personnel fait 62% de jours d’absence en moins pour maladie.
L’étude transversale menée au Danemark en 2011 a comparé les déclarations d’absences pour maladie de 2.403 salariés, âgés de 18 à 59 ans, travaillant en bureau individuel ou en open-space. Les types de bureaux ont été répartis en 4 catégories, bureaux à un occupant, bureaux partagés à 2 occupants, bureaux partagés à 3 à 6 occupants et open-space à plus de 6 personnes. Les chercheurs ont pris en compte les principaux facteurs de confusion (et de santé) comme l’âge, le sexe, le statut socio-économique, l’indice de masse corporelle (IMC), la consommation d’alcool et de tabac et la pratique d’une activité physique.
L’analyse révèle en effet chez les occupants d’open-space, un niveau d’absentéisme supérieur, soit,
· 1 occupant: 4,9 jours de maladie auto-déclarés/an
· 2 occupants: 8 jours
· 3 à 6 occupants: 7 jours
· Open-space à plus de 6 occupants : 8 jours
En comparaison des occupants de bureau individuel,
· les occupants de bureaux à 2, sont absents pour maladie 2 fois plus souvent (RR : 1,50IC : 95% de 1,13 à 1,98)
· les occupants de bureaux de 3 à 6, ont 36% de jours d’absence pour maladie en plus, (RR : 1,36)
· les occupants d’open-space, ont 62% de jours d’absence pour maladie en plus (RR 1,62).
Les auteurs de l’étude proposent plusieurs explications, comme des niveaux de bruit, de stress, de propagation de virus supérieurs en open-space. Ils reconnaissent néanmoins certains avantages de l’open-space, comme un certain abandon du concept de hiérarchie au profit d’une valorisation de chacun, la communication entre salariés d’une même équipe, le partage des connaissances, dont entre générations. Mais ils discutent l’avantage de productivité, en moyenne, pour entreprises, car si les coûts d’exploitation des open-space sont probablement réduits par rapport à ceux de bureaux individuels, les absences maladie ont aussi leur coût.
Et le bruit ? Une étude précédente, publiée dans le British Journal of Psychology montre que les bureaux décloisonnés sont responsables de stress au travail, en raison principalement du facteur bruit. A travers 3 expériences, le bruit de fond s’avère perturbateur pour la mémoire, le calcul mental et la performance en général.
Une enquête du même auteur, publiée en 2005 dans Ergonomics, menée auprès de 88 collaborateurs fait valoir que 99% déclarent leur concentration affaiblie par différents bruits de bureau, les téléphones qui sonnent ou les autres salariés qui discutent sans aucune accoutumance au fil du temps.
Les conditions d’un open-space réussi : Enfin, citons l’étude publiée en 2007 dans le Journal of Environmental Psychology qui contribue à définir, par interview de 799 salariés, les conditions d’un travail « heureux » en open-space, soit 3 facteurs principaux, le respect de la vie privée et ses conditions « acoustiques », l’éclairage, et la ventilation ou température. Cette dernière étude suggère aussi que des occupants d’open-space satisfaits de leur environnement de travail sont également plus satisfaits de leur emploi !
Sources:
Mail Online May 23 2013Open-plan offices make employees ‘less productive, less happy, and more likely to get sick’
Scandinavian Journal of Work, Environment and Healthdoi:10.5271/sjweh.3167 online May 2011Sickness absence associated with shared and open-plan offices – a national cross sectional questionnaire survey
British Journal of Psychology August 1998DOI: 10.1111/j.2044-8295.1998.tb02699.xDisruption of office-related tasks by speech and office noise
Ergonomics 2005 DOI:10.1080/00140130412331311390SPOffice noise and employee concentration: Identifying causes of disruption and potential improvements
Journal of Environmental Psychology doi.org/10.1016/j.jenvp.2007.04.002September 2007 A model of satisfaction with open-plan office conditions: COPE field findings
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