Si, au XIXe siècle, Montmartre – Bréda Street d’abord, puis le sommet de la Butte – fut le centre névralgique du Paris artistique, Montparnasse lui succéda durant toute la première moitié du XXe. La bohème avait migré vers ce quartier plus aéré, peu cher et riche de nombreux cafés, éléments alors indispensables des rapports sociaux qui n’excluaient ni beuveries homériques ni bagarres dantesques, ni soirées délirantes. Ce Montparnasse-là occupait un territoire bien plus étendu que les abords de la gare actuelle ; il englobait une partie du VIe arrondissement (jusqu’à la rue Guynemer), l’ensemble du XIVe ainsi que l’Est du XVe, jusqu’à la rue des Volontaires et la rue de Dantzig.
En dépit d’inévitables modifications de l’urbanisme, la plupart des établissements où se réunissaient peintres, sculpteurs et littérateurs subsistent, de même que la majeure partie des immeubles qu’ils habitaient ou qui abritaient leurs ateliers. Certains peuvent encore se visiter. C’est sur les traces de ces artistes, dans cet univers étonnant, intellectuellement foisonnant, qu’Olivier Renault se propose de conduire ses lecteurs dans un livre récemment publié, Montparnasse, les lieux de légende (Parigramme, 208 pages, 19,90 €).
Cet essai, qui fourmille d’anecdotes, rend bien compte de l’atmosphère qui régnait dans cet espace dont le carrefour Vavin était le pivot. On pensait que tout avait été dit et écrit sur le Montparnasse de la Belle époque, des années folles et des années 1930 ; on se trompait, car Olivier Renault traite le sujet d’une manière originale en proposant une approche à la fois synthétique et géographique qui faisait jusqu’à présent défaut.
Illustrations : La Coupole, carte postale - De g. à d. : Modigliani, Picasso et André Salmon.