L'arsenic et la leucémie...

Publié le 21 avril 2008 par Chantal Doumont

Comment agit l'arsenic pour guérir la leucémie...
 

L'arsenic est un traitement remarquablement efficace d'une forme rare de leucémie. Les chercheurs d'une unité CNRS / Université Paris Diderot située à l'Institut Universitaire d'Hématologie au sein de l'Hôpital Saint Louis ont mis en évidence le mécanisme d'action de l'arsenic dans le traitement de ce type de leucémie. Ces travaux devraient conduire à une meilleure compréhension de la thérapeutique et donc à des stratégies médicales mieux adaptées pour cette maladie. Ces travaux ont été soutenus par la Ligue contre le cancer et sont publiés le 13 avril 2008 sur le site internet de la revue Nature cell biology.

 

L'arsenic est un poison utilisé en médecine depuis plus de 3000 ans. Il est maintenant régulièrement utilisé dans le traitement de la leucémie aiguë promyélocytaire. Le développement de ce type de leucémie se caractérise par la fusion des protéines PML et RARA. La protéine de fusion PML/RARA suffit à rendre les cellules leucémiques. Dans un premier temps, l'équipe du Pr. Hugues de Thé avait montré que l'arsenic provoque la fixation SUMO, un peptide régulant les interactions entre protéines, à PML/RARA. Mais la voie de dégradation de ce complexe demeurait inconnue, car SUMO s'oppose en général à la dégradation.

 

Une nouvelle enzyme, RNF4, impliquée dans ce mécanisme vient, d'être identifiée par ces chercheurs. Cette enzyme a un rôle clef dans la reconnaissance et la dégradation des formes de PML/RARA modifiées par l'arsenic (PML/RARA-SUMO). Les travaux de l'équipe française, comme ceux d'une équipe anglaise co-publiés dans la même revue, montrent que RNF4 se lie à PML-SUMO ou PML/RARA-SUMO. Elle fixe alors sur ce complexe un autre peptide, l'ubiquitine, connu pour induire la dégradation des protéines auxquelles il est conjugué. L'ubiquitine provoque ensuite la modification de la protéine PML/RARA-SUMO.

 

L'existence d'une telle voie de dégradation initiée par SUMO et effectuée par l'ubiquitine avait été prévue par des études de génétique de levure, mais aucun substrat n'avait encore été identifié. Ces travaux devraient conduire à une meilleure compréhension des bases moléculaires de la thérapeutique et donc à des stratégies mieux adaptées pour cette maladie.

Source: CNRS

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