Magazine Politique
De passage à Rennes cette semaine, j'assiste au maigre rassemblement d'irréductibles de la manif pour tous devant l'hôtel de ville. Face à eux, à bonne distance, une poignée de contradicteurs style jeunes anars les houspillent de temps à autres ("Dieu n'existe pas, on ne ment pas aux enfants"). J'observe un moment les anti-gays (puisqu'au-delà de la seule question du mariage, c'est bien celle du statut de l'homosexualité qui les fait se rassembler). Des cathos réacs bien sûr, mais aussi des jeunes gens qui paraissent bien ordinaires. Ce rassemblement famélique et plutôt silencieux pourrait paraître inoffensif et même anodin, pourtant je le ressens avec une violence extrême : il me ramène plusieurs dizaines d'années en arrière quand une haine sans complexe et sans retenue pouvait s'exprimer et dont en retour on devait au mieux se satisfaire de la poisseuse compassion de ses amis les plus proches. En regardant ces quelques "opposants", je ne vois pas des contradicteurs, je vois des personnes qui nient mon être. Cela peut paraître grandiloquent et pourtant c'est bien cette violence là qui m'assaille à ce moment.
Manuel Valls a déclaré étudier la possibilité de prononcer la dissolution du groupement de fait le "Printemps Français" dont les derniers appels deviennent factieux. Ces éléments radicaux qui ont décidé visiblement d'en découdre dimanche prochain, appellent à s'en prendre aux cibles de l'État, des médias du Grand Orient (le complot judéo-maçonnique) et des lobbies gay dont le centre LGBT, le magazine Têtu ou la fondation Pierre Bergé (voir ici leur carte de cibles). La manif du 26, présentée parfois comme la "dernière" des barjotins, est aussi celle du risque de tous les débordements.