Tous les mois, toutes les semaines, presque tous les jours, les médias nous informent des évolutions de la cote de popularité du Chef de l’État, des ministres et des principales personnalités politiques. Plus rarement, les instituts de sondages traitent de l’opinion des Français à l’égard des grandes entreprises et des marques, des grandes villes voire même de leurs plats préférés.
En revanche, les enquêtes à propos de nos stars favorites sont plus rares. Tout juste sait-on qu’à peine un Français sur trois à une bonne opinion de Johnny Hallyday, ce qui est tout à fait intéressant mais reste parcellaire. Sans doute pour motiver les sondeurs français, l’institut Public Policy Polling a décidé d’enquêter sur l’opinion des Américains à l’égard des stars de la pop et du R&B. Les révélations de cette étude sont stupéfiantes.
Rolling in the Sky
Premier enseignement, les personnalités testées sont bien identifiées par le grand public : entre 69% (pour Jay-Z et Rihanna) et 82% (pour Beyoncé) des Américains ont une opinion à leur sujet. Parmi elles, Adele est la chanteuse la plus appréciée, ou du moins la plus consensuelle : avec 54% d’opinions favorables, elle se situe au même niveau que Taylor Swift (53%), Justin Timberlake (52%) ou Beyoncé (51%). En revanche, elle recueille moins d’opinions négatives que ces derniers : 18%, contre 24% pour l’immortel interprète de Rock Your Body, 27% pour l’héritière de Dolly Parton et 30% pour l’épouse comblée de Jay-Z.
Les autres stars testées souffrent toutes d’un net déficit de popularité. Rihanna n’est appréciée que par 30% des Américains, 39% ayant une mauvaise opinion à son égard. Et si 29% des sondés ont une opinion favorable de Lady Gaga, ce sont 50% qui en ont une défavorable. Jay-Z est sensiblement moins apprécié (25%), mais il déclenche aussi moins de réactions positives (44%). Enfin, dans les profondeurs du classement, on retrouve Justin Bieber (20% d’opinions favorables, 54% de défavorables) et le rappeur Chris Brown (13% d’opinions favorables, 57% de défavorables).
A première vue, on pourrait croire à un clivage racial dans ces préférences : toutes les stars afro-américaines (Rihanna, Chris Brown, Beyoncé, Jay-Z) sont largement plus appréciées des noirs que des blancs. Pas de communautarisme ici cependant : les afro-américains sont aussi très surreprésentés chez les fans de Justin Bieber (44% contre 20% en moyenne) ou d’Adele (65% contre 54%). On constate aussi sans grande surprise que pour toutes les célébrités en question, les jeunes sont plus enclins à en avoir une bonne opinion que les plus âgés, en dehors de Justin Timberlake qui bénéficie d’une image très peu clivante. Enfin, l’image de ces chanteurs est systématiquement meilleure chez les électeurs démocrates que chez les électeurs républicains, avec des écarts très importants pour Beyoncé (63% contre 36%) ou Jay-Z (35% contre 15%). Seule exception à la règle, Taylor Swift, autant appréciée dans les deux camps. Le passé de chanteuse country de la petite fiancée de l’Amérique, un style musical volontiers associé au Sud conservateur, peut en partie expliquer cette particularité. Quant à l’effrayante impopularité de Justin Bieber, elle provient en grande partie de l’agacement qu’il suscite chez les hommes : il est le seul du classement à être significativement plus apprécié par la gent féminine (avec un pourtant modeste 25%) que par ces messieurs (14%).
Timberlake 2016 ?
En France, les carrières de Michel Rocard ou Bernard Kouchner témoignent que la popularité ne fait pas l’élection. Cet adage prend tout son sens aux États-Unis. Malgré une image très positive, Adele serait sèchement battue par Justin Timberlake en cas de candidature à l’élection présidentielle américaine, avec seulement 19% des voix contre 34%. L’interprète de Someone Like You est distancée dans toutes les catégories sociales et dans toutes les régions du pays. Au contraire, l’ancien chanteur des ‘N Sync serait tout particulièrement plébiscité par les 18-29 ans (47% des voix) et les habitants du Midwest (52%) et de l’ouest du pays (40%). A noter que c’est essentiellement sa carrière de chanteur qui booste les performances de Justin Timberlake, 40% des Américains le préférant dans ce rôle, contre 22% qui estiment qu’il est meilleur en acteur et 8% en joueur de golf. Une impressionnante pluridisciplinarité qui n’est sans doute pas pour rien dans le succès du potentiel successeur de Barack Obama.
Le rôle du « troisième homme » est endossé par Beyoncé, qui obtiendrait 14% des intentions de vote, essentiellement grâce à l’électorat afro-américain (32%) et aux habitants du nord-est (23%). Les autres candidats, sans doute trop sulfureux pour la puritaine Amérique, se partagent les restes : 9% des voix pour Jay-Z et Lady Gaga, 8% pour Justin Bieber et respectivement 5% et 2% pour l’ex-couple formé par Chris Brown et Rihanna. Il est peu probable qu’une réconciliation leur permette de progresser dans les sondages, puisque seuls 8% des Américains souhaitent qu’ils se remettent en couple. Tout cela ne doit bien sûr pas être totalement pris au sérieux : étant respectivement de nationalité britannique et canadienne, Adele et Justin Bieber ne pourraient en tout état de cause pas être candidats à la Maison Blanche.