Je suis toujours étonné de voir l’énergie et le temps que certains athées consacrent à critiquer les religions et les événements qui y sont liés. C’est assez difficile à expliquer, mais on peut supposer qu’ils se sentent – dans leur athéisme déclaré – menacés par ceux qui professent leur Foi, alors que ceux-ci ne me semblent pas adopter la même attitude vis-à-vis des premiers.
Que les choses soient claires : je n’appartiens personnellement ni à l’une ni à l’autre des deux catégories. Je me qualifierais d’« agnostique positif ». En d’autres mots, sachant qu’il est impossible de prouver ni l’existence de Dieu ni son inexistence, je dis que je ne sais pas si Dieu existe ou non, mais qu’il est donc possible qu’il existe, ce qui apporterait des réponses à certaines questions fondamentales. Mais il est donc aussi possible qu’il n’existe pas, sans avoir alors les réponses à ces questions. Dans les deux cas, cela ne change finalement rien à ma vie. Je suis vivant et j’essaie de vivre ce court moment de la meilleure manière possible, dans le respect du monde et des personnes qui sont dans le même bateau que moi. Il m’arrive de participer à des événements religieux et cela ne me pose aucun problème. Au contraire, ça me va. Sans pour autant que cela ne constitue une nécessité impérieuse.
Lorsque je vois les réactions et commentaires qui ont été exprimés lors de l’élection du pape François – notamment sa condamnation sans appel pour ses supposés liens avec la dictature de Videla en Argentine, alors que cette soi-disant complaisance vis-à-vis de ce sinistre régime politique n’a pu être confirmée en aucune manière – je me demande en quoi l’élection d’un pape atteint à ce point ces athées déclarés.
Bien sûr, le pape est un personnage public jouissant d’un pouvoir d’influence important. Il est assez clair que l’Église catholique essaie partout où elle est présente d’influencer la sphère politique. Il suffit de voir encore ce qui s’est passé en France lors du processus d’adoption du mariage pour tous. Mes positions dans ces grandes questions morales sont la plupart du temps différentes de celles de l’Église, mais je peux comprendre que dans la continuité logique de son approche, celle-ci défende fermement ses idées. Ce faisant, elle ne me menace en rien. Elle essaie d’intervenir dans le débat démocratique et elle en a bien le droit. Au bout du compte, les décisions sociétales sont prises par ceux qui sont mandatés pour les prendre… et la Terre continue à tourner.
Au-delà des différences d’opinion eu égard à ces grands débats moraux et sociétaux, il ne me semble pas y avoir de menaces pour l’un ou l’autre. Sauf bien sûr quand certains intégristes – de quelque camp qu’ils soient – choisissent d’associer leur vision à une attitude violente et destructrice. Ceux-là sont pour moi non seulement de dangereux personnages dont il faut se prémunir, mais aussi des personnes qui s’inscrivent en faux avec leurs propres croyances (ou non-croyances). Une « conscience morale », quel que soit ce qui l’anime, ne devrait jamais être en soi destructrice.
La Foi est une affaire de conviction personnelle. Que quelqu’un croie en Dieu ou non ne change jamais rien à la vie d’un autre. Chacun me semble libre de penser ce qu’il veut à cet égard et d’animer sa vie en fonction des références qui lui semblent les plus correctes. Je peux comprendre que lorsqu’on croit profondément quelque chose, on ait envie que les autres adhèrent à la même conviction. Mais il me semble absurde de critiquer, voire de condamner, celui qui ne pense pas comme moi sur des éléments qui de toute façon ne dépendent que d’une vision personnelle des choses, que d’un vécu personnel. Euh… n’est-ce pas ce que je suis en train de faire moi-même ?
La seule chose nécessaire n’est-elle pas finalement de vivre dans un respect mutuel ? Pour le reste, taisons-nous ! Tais-moi !